Poursuivant leur mouvement de contestation, un millier de manifestants prodémocratie se sont regroupés, vendredi, à l'aéroport de Hong Kong, pour sensibiliser les visiteurs étrangers à leurs revendications.
"Sauvez Hong Kong de la tyrannie !" Un millier de manifestants prodémocratie ont entamé, vendredi 9 août, un sit-in à l'aéroport de Hong Kong dans le but de sensibiliser les visiteurs étrangers à leur mobilisation entamée il y a deux mois jour pour jour. "Pas d'émeutiers, que de la tyrannie", scandaient les manifestants, dont certains portaient des masques et des casques de chantier.
Pour la plupart vêtus de noir, la couleur emblématique d'un mouvement né lors d'une manifestation monstre le 9 juin, ils se sont assis sur le sol, dans le hall des arrivées, brandissant des pancartes condamnant en chinois et en anglais les violences policières. "Sauvez Hong Kong de la tyrannie et de la brutalité policière !", pouvait-on lire sur l'une d'elles.
"Destination liberté"
Nombre de manifestants avaient sur la manche un flyer indiquant en plusieurs langues : "Posez-moi des questions sur Hong Kong !". Les manifestants veulent que davantage de personnes sachent ce qui se passe à Hong Kong, a expliqué l'un d'eux se faisant appeler "Choi", et refusant comme beaucoup d'autres d'être identifié, de peur des poursuites judiciaires.
Sur les réseaux sociaux, l'action à l'aéroport avait été annoncée au travers d'une fausse carte d'embarquement où il était écrit "Hong Kong à destination de la liberté".
Hong Kong protesters plan three days of rallies at the airport from tomorrow. Here's their creative announcement for the action: pic.twitter.com/j2B5YJkb65
Sara Hussein (@sarahussein) August 8, 2019En parallèle, plusieurs pays ont mis en garde leurs ressortissants en partance pour Hong Kong sur la situation dans l'ex-colonie britannique, en particulier Washington qui a exhorté cette semaine ses citoyens à "faire preuve d'une prudence accrue".
Carrie Lam exclut toute concession
Au cours d'une conférence de presse, la dirigeante de l'exécutif local, Carrie Lam, a déclaré que l'inquiétude avait gagné les milieux d'affaires et que le ralentissement de l'activité économique avait gagné le territoire "comme un tsunami". La dirigeante hongkongaise a averti que l'impact économique pourrait être pire que celui de l'épidémie du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003. "Le ralentissement cette fois est intervenu très rapidement. Certains l'ont comparé à un tsunami."
"La reprise économique prendra très longtemps", a-t-elle assuré, en écho aux inquiétudes du privé, en particulier du secteur touristique.
"En ce qui concerne une solution politique, je ne crois pas que nous devrions faire des concessions dans le but de faire taire les manifestants auteurs de violences", a-t-elle ajouté, deux mois jour pour jour après le début de la mobilisation. "La violence doit cesser", a-t-elle poursuivi.
"Un espace de publicité extraordinaire"
"Le sit-in se déroule pacifiquement", précise le correspondant de France 24, Charles Emptaz. "Cet aéroport est un espace de publicité extraordinaire pour les manifestants. Les touristes ont conscience de vivre un moment particulier. Ils prennent des photos et relaient l'événement sur les réseaux sociaux", ajoute-t-il.
Ce rassemblement n'avait pas été autorisé, mais une précédente manifestation, il y a deux semaines dans ce même aéroport, s'était déroulée de façon pacifique, sans perturber les vols.
La mégapole du sud de la Chine connaît sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession en 1997, avec des manifestations et des actions presque quotidiennes qui ont souvent dégénéré en violences entre activistes radicaux et forces de l'ordre.
Des revendications démocratiques
Née du rejet d'un projet de loi controversé de l'exécutif hongkongais qui voulait autoriser les extraditions vers la Chine, la mobilisation s'est considérablement élargie depuis ses revendications, avec une critique de plus en plus forte du pouvoir de Pékin. Les manifestants se sont engagés à poursuivre leur mouvement jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites.
Ils demandent notamment la démission de la cheffe contestée de l'exécutif hongkongais Carrie Lam, une enquête indépendante sur l'action de la police, une amnistie pour les personnes arrêtées, le retrait définitif du projet de loi controversé, actuellement suspendu, ou encore l'avènement du suffrage universel dans le territoire semi-autonome.
Avec AFP