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Les États-Unis accusent la Chine de manipuler sa propre monnaie

Washington a accusé Pékin, lundi, de manipuler le yuan, tombé au plus bas depuis 11 ans face au dollar. Un motif supplémentaire d'escalade de la guerre commerciale qui s'était déjà accentuée ces derniers jours entre les deux pays.

Les tensions entre les États-Unis et la Chine sont encore montées d'un cran, lundi 5 août. Washington estime que Pékin manipule sa monnaie et compte demander au Fonds monétaire international (FMI) de mettre un terme à cette concurrence déloyale, a déclaré le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, dans un communiqué. Il a ajouté que le comportement de Pékin constituait "une violation des engagements pris par la Chine au G20 de s'abstenir de toute dévaluation compétitive".

Une baisse du yuan favorise les exportations chinoises et peut atténuer l'impact de la hausse des droits de douane américains sur les produits chinois.

Dans la matinée, sur Twitter, le président américain avait déjà accusé la Chine "de continuer à toucher des milliards de dollars pris aux États-Unis grâce aux pratiques commerciales déloyales et à la manipulation de la monnaie".

China dropped the price of their currency to an almost a historic low. It’s called “currency manipulation.” Are you listening Federal Reserve? This is a major violation which will greatly weaken China over time!

  Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 5, 2019

Les Bourses en chute libre

Le yuan chinois est passé, en début de journée, sous la barre symbolique de 7 pour un dollar pour la première fois depuis 2008, faisant craindre une extension du conflit commercial entre Pékin et Washington au terrain des devises. Le dollar a, lui, creusé ses pertes après la publication du communiqué du Trésor américain, cédant près de 0,7 % pour revenir à son plus bas niveau depuis début janvier face à un panier de devises de référence.

La nouvelle de la chute du yuan – vue comme une escalade dans la guerre commerciale entre les deux premières économies mondiales – a provoqué une baisse généralisée sur les places financières en Asie, en Europe et finalement aux États-Unis. Les trois grands indices de Wall Street ont enregistré leur pire journée de l'année : le Dow Jones Industrial Average a perdu 2,90 %, le Nasdaq, à forte coloration technologique, a cédé 3,47 %, et l'indice élargi S&P 500 s'est contracté de 2,98 %.

L'annonce du Trésor de lundi soir ne devrait pas avoir de conséquences concrètes immédiates, mais elle devrait contribuer un peu plus à l'inquiétude des investisseurs et des entreprises, qui essaient de jauger l'impact que peut avoir un affrontement durable entre Pékin et Washington sur leurs affaires.

Pékin vise les agriculteurs américains

Autre conséquence des tensions sino-américaines : l'agence officielle Chine nouvelle a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi que les entreprises chinoises avaient cessé d'acheter des produits agricoles en provenance des États-Unis. Pékin viserait ainsi les agriculteurs américains, très dépendants du marché chinois et qui constituent une importante base électorale pour Donald Trump, à l'approche de la présidentielle de 2020.

Le conflit commercial sino-américain s'est amplifié avec la décision de Washington de prélever à partir du 1er septembre des droits de douane additionnels sur 300 milliards de produits chinois encore non taxés. Et ce, malgré la reprise de négociations commerciales de haut niveau entre les deux pays, qui étaient au point mort depuis le printemps.

Avec AFP et Reuters