
En dépit des avertissements de Pékin, des milliers de fonctionnaires se sont mêlés, vendredi, au mouvement de contestation à Hong Kong. Du jamais vu de la part d'un secteur connu pour sa discrétion et son conservatisme.
Regain de tension à Hong Kong. Des milliers de fonctionnaires se sont rassemblés, dans la soirée du vendredi 2 juillet, dans le centre de Hong Kong pour exprimer leur soutien au mouvement de contestation qui frappe la mégalopole du sud de la Chine depuis deux mois. Une première de la part d'un secteur connu autant pour son efficacité que pour sa discrétion et son conservatisme. Les autorités ont d'ailleurs prévenu leurs employés qu'ils risquaient rien moins qu'un limogeage s'ils descendaient dans les rues.
Des rassemblements prévus ce week-end
Portant des masques noirs afin de dissimuler leurs visages, les fonctionnaires sont venus grossir pacifiquement les rangs des protestataires réunis dans le quartier des affaires de la ville. Des travailleurs du secteur de la santé ont également appelé à manifester et des employés de banques et de sociétés financières s'étaient mobilisés jeudi soir.
Ajoutant au climat de tension, les autorités ont annoncé l'arrestation, jeudi, de sept hommes et une femme accusés de possession d'explosifs. Une source policière a affirmé à l'AFP que le fondateur d'un parti indépendantiste hongkongais aujourd'hui interdit, Andy Chan, figurait parmi les personnes interpellées et qu'une "bombe à essence" avait été découverte lors de cette descente de police.
Des violences "absolument inadmissibles"
Dans une menace à peine voilée, l'armée populaire chinoise a diffusé mercredi une vidéo présentant un exercice "anti-émeutes" tandis que des officiers de haut rang ont qualifié les violences commises à Hong Kong d'"absolument inadmissibles".
Globalement pacifiques, les manifestations ont aussi parfois donné lieu à des violences entre contestataires radicaux et forces de l'ordre. L'exécutif hongkongais pro-Pékin et le gouvernement central ont cette semaine durci le ton face à ce mouvement au travers de poursuites contre des manifestants arrêtés ou en menaçant implicitement d'une réponse beaucoup plus musclée.
Le "village gaullois contre l'empire romain"
Pour Marie Holzman, sinologue et présidente de Solidarité Chine, interrogée par France 24, cette contestation "agace" le secrétaire général du Parti communiste chinois, Xi Jinping. "C'est le véritable village gaullois contre l'empipre romain, mais à la fin du compte est-ce que le village gaullois va tenir ? Rien n'est sûr", estime-t-elle.
Le mouvement de protestation, qui s'est cristallisé au départ sur le retrait d'un projet de loi d'extradition controversé, s'est étendu à d'autres revendications, comme l'élargissement des libertés démocratiques ou la démission de la
dirigeante locale Carrie Lam.
Des rassemblements non autorisés sont prévus samedi et dimanche, ainsi qu'une grève générale lundi.
Avec AFP et Reuters