Le Premier ministre britannique Boris Johnson a maintenu son refus d'un backstop à la frontière irlandaise après le Brexit, mercredi à Belfast, face aux dirigeants des principaux partis politiques nord-irlandais.
Boris Johnson ne veut pas d'un backstop et l'a fait savoir aux dirigeants des principaux partis politiques nord-irlandais rencontrés mercredi 31 juillet, à Belfast. Le nouveau premier ministre britannique tente de sortir de l'impasse sur la "clause de sauvegarde" (backstop) qui doit prévenir le rétablissement d'une frontière physique entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord après le Brexit.
Arrivé mardi soir dans la capitale nord-irlandaise, Boris Johnson avait aussitôt rencontré les représentants du Parti unioniste démocratique (DUP), dont dépend sa majorité parlementaire à Westminster. À l'issue de cette rencontre, Arlene Foster, depuis 2015 à la tête du DUP, a rappelé avec force que Boris Johnson exigeait comme elle l'abandon du backstop, "défaut persistant et fondamental" de l'accord de Brexit.
Mercredi matin, l'un des députés du DUP, Jeffrey Donaldson, a également insisté sur la disparition de cette clause de sauvegarde mais n'a pas exclu un éventuel compromis qui s'appuierait sur une limitation dans le temps du backstop et sur d'autres "solutions pragmatiques".
Un Brexit sans accord serait "catastrophique"
Mais Boris Johnson, a ajouté le député unioniste, "ne négociera certainement pas cela en public". À Dublin, le ministre irlandais de l'Agriculture, Michael Creed, a rejeté toute idée de limiter dans le temps le backstop.
Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, dans un entretien publié mercredi par le quotidien Irish Daily Mirror, a assuré que son pays ne se laisserait pas intimider par Boris Johnson sur la question du backstop. "Nous allons nous en tenir à notre position", a-t-il dit, soulignant qu'il avait le soutien de ses partenaires de l'UE.
Le "filet de sécurité" ("backstop" en anglais) est une solution de dernier recours, destinée à éviter le retour d'une frontière physique sur l'île d'Irlande, où les 500 kilomètres qui séparent la province britannique de l'Irlande du Nord de la République d'Irlande vont devenir la seule frontière terrestre entre l'UE et le Royaume-Uni. Ce mécanisme, prévu par l'accord de divorce conclu entre l'ex-Première ministre britannique Theresa May et Bruxelles, consiste à créer un "territoire douanier unique", englobant l'UE et le Royaume-Uni. Il est censé être temporaire, le temps de trouver une autre solution.
La présidente du parti nationaliste Sinn Féin, Mary Lou McDonald, qui doit aussi voir Boris Johnson dans la journée, l'a averti qu'un Brexit sans accord serait "catastrophique" pour l'économie de l'île et pour les accords de paix de 1998, qui ont mis fin à trente ans de violences entre catholiques et protestants, des "troubles" qui ont fait 3 600 morts.
Un conseiller à Bruxelles pour réclamer l'abolition du backstop
En cas de sortie du Royaume-Uni de l'UE sans accord le 31 octobre, elle a réclamé un référendum sur un rattachement des six comtés d'Irlande du Nord à la République d'Irlande.
Sur un plan purement nord-irlandais, le Premier ministre britannique a souligné qu'il voulait rétablir le plus vite possible l'exécutif de la province, fondé sur un partage des pouvoirs entre catholiques et protestants et suspendu depuis deux ans et demi.
"Le peuple d'Irlande du Nord est sans gouvernement, sans (Parlement du) Stormont depuis deux ans et six mois... Ma priorité ce matin est de faire tout mon possible pour mettre fin à cette situation", a dit Boris Johnson aux journalistes.
Par ailleurs, son conseiller pour l'Europe s'est rendu mercredi à Bruxelles pour délivrer un message du nouveau Premier ministre britannique réclamant "l'abolition" du backstop, a annoncé Downing Street. Le conseiller "David Frost se rend à Bruxelles pour rencontrer les principaux responsables et leur faire passer en personne un message du Premier ministre", a indiqué un porte-parole de l'exécutif britannique.
Selon Bruxelles, il va en fait rencontrer les conseillers du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et ceux du négociateur en chef du Brexit pour l'UE Michel Barnier.
Avec AFP et Reuters