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Discours crucial pour Obama sur la réforme du système de santé

Le président américain doit prononcer un discours décisif, ce mercredi, devant le Congrès, pour engager la réforme du système américain de santé, objet d'une intense bataille politique. Il tentera de préciser les contours de son dispositif.

Barack Obama joue gros, ce mercredi. Le président américain doit prononcer un discours devant le Congrès, dans lequel il devra convaincre les élus du bien fondé de sa réforme du système américain de santé.

 Dans une interview accordée à la chaîne américaine ABC, celui-ci a déclaré que cette intervention "servira à convaincre démocrates et républicains que je suis ouvert à de nouvelles idées, que nous ne sommes ni rigides ni idéologiques à ce propos, mais que nous souhaitons obtenir un résultat avant la fin de l’année".

Contrairement à la crise économique et à l'engagement militaire américain en Afghanistan et en Irak, la réforme du système de santé des États-Unis n’est pas un héritage de son prédécesseur. Pour le président démocrate, ce discours sera donc un véritable test... en même temps qu'une occasion unique de reprendre la main.

Le président Obama, à qui ses adversaires - et parfois même ses alliés - reprochent de n'avoir qu’effleuré le sujet, a effectivement perdu l’initiative des débats au détriment de ses adversaires républicains dans ce dossier.

Dernière épisode en date : la virulente réplique de Sarah Palin, candidate républicaine à la vice-présidence lors de la dernière présidentielle, à des propos tenus par Barack Obama en avril dernier. "Quand on écoute ses propos, il ne faut pas s’étonner qu’une grande partie des personnes âgées et des gens victimes de maladies chroniques craignent que les propositions démocrates débouchent, en définitive, sur un rationnement des médicaments par des ‘tribunaux de la mort’", a-t-elle écrit dans le quotidien New York Times.

Au printemps, Barack Obama avait repris l’idée - lancée 17 ans plus tôt par Bill Clinton - que des experts de la santé puissent se pencher sur les coûts élevés que représente la prise en charge de patients âgés ou atteints de maladies chroniques.

Ce qu’on attend de Barack Obama

Jusqu’ici, le président américain n’a pas dessiné les contours de sa réforme. L’extension de la couverture médicale à tous ceux qui ne bénéficient pas d’une assurance de leur employeur ou d'une prise en charge par certains programmes publics était pourtant l'un des thèmes phare de sa campagne de 2008. Barack Obama devra donc convaincre, et surtout dire clairement quelle est sa vision d'un nouveau système de santé, en clarifiant notamment ses positions sur la création d’une assurance publique au pays du libéralisme - un point qui provoque l’ire des républicains.

"Appelez ça l’option gouvernementale, coopération ou banane, le fait est que cela reste une intervention du gouvernement sur un marché libre", a déclaré le sénateur républicain John McCain.

Obama devra également s’assurer du soutien de la Chambre des représentants, qui reste divisée sur le sujet jusque dans les rangs du Parti démocrate. Si la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, a insisté sur l’importance de la création d’un programme de santé gouvernemental, Mike Ross, qui dirige un groupe de démocrates conservateurs, s’est dit, lui, opposé au projet de loi, après avoir eu un retour défavorable de ce qu'en pensent ses électeurs.

La réforme, qui coûterait quelque 900 milliards de dollars sur dix ans, a pour objectif de modifier trois aspects du système actuellement en vigueur. Il s'agit d'abord d'étendre à tous la couverture médicale, alors qu'aujourd’hui, près d’un Américain sur cinq ne bénéficie d'aucune assurance santé. Il s’agit ensuite de réduire les coûts du dispositif - qui représente un marché de 2 500 milliards de dollars, ce qui en fait l'un des plus chers du monde - et donc d'encadrer les compagnies d’assurance privées. Enfin, le nouveau texte vise à lutter contre la discrimination envers les patients à risque (personnes âgées, enfants, malades chroniques, etc.), moins rentables.

Depuis plusieurs semaines, une commission sénatoriale bipartisane, emmenée par le démocrate Max Baucus, travaille laborieusement sur le texte.

Si le président ne parvient pas à convaincre, le risque, pour lui, est de voir la nouvelle loi rejetée par le Congrès pourtant composé d'une majorité de démocrates, comme ce fut le cas pour Bill Clinton en 1994.