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Référendum Aéroports de Paris : déjà 480 300 signatures récoltées

Le Conseil constitutionnel a annoncé lundi que la procédure de référendum sur la privatisation d'ADP avait recueilli 480 300 signatures depuis son lancement le 13 juin, soit un peu plus de 10 % des 4,7 millions de signatures nécessaires.

Les promoteurs du référendum d'initiative partagée (RIP) sur la privatisation des aéroports de Paris (ADP) ont le sourire. Le Conseil constitutionnel a communiqué, lundi 1er juillet, les premiers chiffres officiels de la procédure lancée le 13 juin : 480 300 signatures ont été récoltées en dix-huit jours, soit plus de 10 % des signatures nécessaires pour obtenir l'organisation d'un référendum.

"C'est une excellente nouvelle, s'enthousiasme Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, contacté par France 24. C'est un fait politique d'avoir en si peu de temps autant de signatures, alors même que le site Internet est compliqué et qu'il ne s'agit pas d'une pétition que l'on signe en un seul clic. En dépit de tous les barrages imposés par le gouvernement, la mobilisation citoyenne est forte."

Pour atteindre les 4 717 396 signatures de Français inscrits sur les listes électorales avant la date butoir du 12 mars 2020, les promoteurs du RIP, qui vont de La France insoumise aux Républicains, doivent récolter en moyenne 17 000 signatures quotidiennes. Or, depuis le lancement de la pétition, ce sont près de 26 700 signatures qui sont recueillies chaque jour, selon les données du Conseil constitutionnel.

Communiqué du Conseil constitutionnel sur le recueil de soutiens dans le cadre de la procédure du RIP : https://t.co/PPxYpxdV6r pic.twitter.com/Tt1moxqlei

  Conseil constit (@Conseil_constit) 1 juillet 2019

"Ces signatures correspondent à une mobilisation spontanée car les campagnes sont pour le moment embryonnaires, se réjouit Olivier Faure. Cela montre que les Français sont mobilisés sur un sujet qui pouvait paraître compliqué mais dont ils ont bien saisi l'importance."

Le député Les Républicains Gilles Carrez, à la proue de la mobilisation contre la privatisation d'ADP, partage le même enthousiasme que son collègue socialiste. "C'est un bon chiffre qui montre qu'il existe un vrai soutien pour notre initiative, estime l'élu du Val-de-Marne, contacté par France 24. Je suis d'ailleurs très surpris des témoignages spontanés de citoyens que je croise. Les Français ont été vaccinés après l'épisode de la privatisation des autoroutes et ne veulent pas que la même erreur se reproduise."

"S'adapter aux formats de communication des réseaux sociaux"

Pour autant, le chemin est encore long. Pour les spécialistes de la mobilisation citoyenne en ligne, c'est le premier cercle qui a jusqu'à présent signé la pétition. L'enjeu, dorénavant, va être de parvenir à mobiliser des citoyens pas encore informés sur le sujet ou qui se sentent peu concernés.

"Ce qui fait qu'un sujet prend ou pas sur Internet, c'est sa capacité à s'adapter aux formats de communication des réseaux sociaux et aux règles de visibilité", souligne Clément Mabi, chercheur en science de l'information et de la communication à l'UTC de Compiègne, spécialiste de la participation politique en ligne, contacté par France 24.

"Certains mouvements savent s'adapter en trouvant les bons mots clés qui permettent de faire circuler leurs idées, ajoute-t-il. Dans cette optique, la dimension 'affect' est très forte pour parvenir à mobiliser. C'est ce qu'a réussi 'L'Affaire du siècle' sur un sujet qui concerne directement la vie des gens. Or, pour le moment, la pétition ADP est encore très loin du nombre de signatures obtenu pour la défense du climat."

Lancée en décembre par quatre associations ayant décidé d'attaquer l'État français pour le contraindre à respecter ses engagements climatiques, "L'Affaire du siècle" a recueilli plus de deux millions de signatures en à peine trois mois.

Plusieurs pétitions à plus d'un million de signatures

D'autres pétitions récentes ont également dépassé la barre du million de signatures. C'est le cas de la pétition demandant une baisse des prix du carburant à la pompe lancée en juin 2018 par Priscilla Ludosky, qui deviendra l'une des figures du mouvement des Gilets jaunes. C'est aussi le cas de la pétition contre la loi Travail lancée en février 2016 par la militante Caroline de Haas.

La procédure de RIP sur la privatisation d'ADP connaîtra-t-elle le même succès ? Olivier Faure y croit, soulignant qu'il ne s'agit pas d'une pétition de type Change.org, "où il suffit de cliquer et de donner un pseudo". "Là, c'est une pétition engageante, dit-il. Il faut renseigner son identité, votre signature devient publique, donc 480 000 signatures malgré ces freins, ce n'est pas rien. Et puis elles ont été récoltées essentiellement grâce au bouche-à-oreille, donc je suis confiant sur le fait que cette privatisation n'aura jamais lieu."

Pour l'heure, aucune campagne d'information nationale n'a en effet été organisée. Les promoteurs du référendum sur la privatisation d'ADP, comme le député LFI Alexis Corbière (voir ci-dessous), en appellent aux médias, notamment France Télévisions et Radio France, pour informer les citoyens.

Les chaînes de télévisions doivent organiser des débats sur l'existence de la possibilité d'un référendum contre la privatisation d'#ADP. Les médias doivent se mettre au service de la #democratie ! Passons enfin d'un droit formel à un droit réel pour les citoyens. #RIP pic.twitter.com/vpgcEk52vB

  Alexis Corbière (@alexiscorbiere) 26 juin 2019