
Nicolas Sarkozy décrit sans ménagement ses compagnons ou rivaux politiques dans son nouveau livre "Passions", paru jeudi et dans lequel il évoque ses souvenirs politiques et personnels de ses débuts au RPR jusqu'à son élection à l'Élysée en 2007.
L’ancien président français Nicolas Sarkozy dévoile, dans son livre "Passions" (Éditions de L'Observatoire) qui paraît ce jeudi, ses souvenirs politiques et personnels jusqu'à son accession à l'Élysée en 2007, tout en réglant quelques comptes.
Le 6 mai 2007, "lorsque j'ai vu mon visage se dessiner avec les 53 % inscrits sur l'écran, ce fut une explosion. Tout le monde criait, sautait, riait, certains pleuraient de joie. Nous y étions. C'était enfin fini. J'avais réussi ce qui était mon objectif intime depuis tant d'années. (...) Je devenais enfin légitime", écrit l'ancien président âgé de 64 ans.
Chef de l'État entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy évoque longuement son parcours politique, qui a débuté par une réunion du RPR à Nice en 1975, suivie d'une rencontre à Matignon avec le Premier ministre d'alors, Jacques Chirac, figure omniprésente au fil des 360 pages de ce premier tome.
Il narre, sur un ton direct, son ascension vers la magistrature suprême, notamment son passage au ministère de l'Intérieur (2002-2004, 2005-2007), "un peu plus de trois années qui furent les plus heureuses de ma vie sur le plan professionnel".
"J'aime gagner. Je me suis toujours battu pour la victoire, mais force est de reconnaître que j'ai beaucoup plus appris de mes échecs que de mes succès", explique-t-il, battu par François Hollande en 2012 et auteur d'un retour manqué lors de la primaire de la droite en 2016.
"Souvent, on m'a demandé si, aujourd'hui, la politique me manquait. Invariablement, je réponds non, et je vois bien que peu nombreux sont ceux qui me croient. Pourtant, c'est la vérité, si l'on veut bien se donner la peine de comprendre que ce n'est pas la politique que j'aime, c'est la vie !", assure Nicolas Sarkozy, alors que son parti, Les Républicains, est en pleine crise après sa déroute (8,48 %) aux dernières élections européennes.
L’ancien président évoque longuement sa vie privée, sa deuxième épouse Cécilia qui lui annonça "sa volonté de divorcer" le jour du débat télévisé de l'entre-deux tours présidentiel de 2007, ou encore sa rencontre avec Carla Bruni, "la plus importante de [sa] vie".
Il évoque son ancien mentor Édouard Balladur, un "professeur exigeant", Jacques Chirac pour qui "l'indépendance" était "une faute" qu'il ne "pardonnait pas". Il prend soin de ne pas porter d'appréciation sur l'action d'Emmanuel Macron, si ce n'est pour dire, pour l'actuel locataire de l’Élysée comme pour Valéry Giscard d'Estaing et pour lui-même, que "si la jeunesse est un grand atout pour conquérir le pouvoir, elle est une faiblesse au moment de l'exercer".
L'ex-président, qui sera jugé dans les prochains mois pour corruption dans l'affaire dite des "écoutes", accorde en revanche un satisfecit au Premier ministre Édouard Philippe, ancien soutien de son rival Alain Juppé. "Il démontre une force et un calme que je ne lui supposais pas. Il est un Premier ministre loyal et compétent. Il a même fait de son supposé manque de charisme un atout", écrit-il dans l'ouvrage, tiré à 200 000 exemplaires.
Nicolas Sarkozy est en revanche sans ménagement envers Ségolène Royal, qu'il a battue au second tour en 2007. "Je me suis demandé, notamment lors du débat présidentiel de l'entre-deux tours, si elle faisait preuve d'incompétence par volonté politique, ou si plus vraisemblablement elle ne possédait ni la connaissance ni la compréhension des dossiers qu'elle abordait", écrit-il. Idem envers son successeur François Hollande qu'il accuse sans développer de "manipulations policières, et judiciaires" à son endroit. L'ancien président règle surtout ses comptes avec François Fillon, qui fut son Premier ministre de 2007 à 2012.
"François Fillon a demandé que l'on accélère les procédures judiciaires à l'encontre de celui qui l'a nommé cinq ans durant à Matignon ! Il n'y a rien à dire de plus. En soi, c'est accablant". L'ancien Premier ministre, lui-même rattrapé par les affaires pendant sa campagne présidentielle en 2017, "a été puni par là où il avait pêché", juge-t-il.
Il égratigne également celui qui fût son rival au sein de la droite Dominique de Villepin. "On ne peut pas dire que nous nous entendions mal. (...) J'écoutais sans tout comprendre. Mais y avait-il toujours quelque chose à comprendre ? Rien n'est moins sûr, car emporté par son propre élan, mon interlocuteur avait souvent du mal à atterrir", assène-t-il.
Sur le plan politique, Nicolas Sarkozy parle de "l'état de décadence avancée de l'Europe en particulier, et de l'Occident en général" qu'il discerne dans "la coupable faiblesse" d'"une partie des élites françaises, jamais prêtes à mener la guerre", notamment face à l'islamisme radical.
Il plaide pour la création d'un "organisme mondial de la démographie" pour "définir ce que devrait être une planification de la démographie de la planète", à ses yeux l'un des défis majeurs du 21e siècle.
Nicolas Sarkozy s'était déjà livré dans une autobiographie partielle, intitulée Libre (chez Robert Laffont, 2003). Autres succès de librairie, La France pour la vie (Plon, janvier 2016) puis, au mois d'août 2016, Tout pour la France (Plon également), à quelques mois de la primaire de la droite.
Avec AFP