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L'ONU exige le rapatriement des proches des jihadistes en Syrie et en Irak

La Haut-Commissaire de l'ONU pour les droits humains a réclamé lundi le rapatriement des proches de jihadistes de l'organisation État islamique. Près de 29 000 enfants étrangers sont actuellement bloqués en Syrie ou en Irak.

Les proches des combattants de l'organisation État islamique doivent être rapatriés, estime l'ONU. La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a en effet réclamé, lundi 24 juin, que les proches des jihadistes capturés ou tués en Syrie et en Irak, dont des milliers d'enfants, soient "rapatriés, à moins qu'ils ne soient poursuivis pour des crimes".

L'appel de la Haut-Commissaire, Michelle Bachelet, qui s'exprimait devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève, intervient alors que l'Australie a indiqué lundi avoir secouru d'un camp en Syrie huit enfants et petits-enfants de combattants australiens de l'organisation État islamique (EI), tous orphelins.

29 000 enfants étrangers bloqués en Syrie

Depuis la chute en mars du "califat" de l'EI, la communauté internationale est confrontée au casse-tête du rapatriement des familles des jihadistes capturés ou tués en Syrie et en Irak.

Près de 29 000 enfants étrangers, la plupart âgés de moins de 12 ans, sont bloqués en Syrie, selon les estimations du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Parmi eux, 20 000 viendraient d'Irak et plus de 9 000 seraient originaires de 60 autres pays. Quelque 1 200 enfants de combattants étrangers se trouvent également en Irak, selon l'Unicef.

Certains pays, comme l'Allemagne, les rapatrient s'ils ont des proches pour les recueillir, d'autres, comme la France et la Belgique, les rapatrient "au cas par cas".

À la mi-juin, les autorités françaises avaient rapatrié 15 orphelins de jihadistes français et deux enfants que leur mère avait accepté de laisser partir, qui étaient eux aussi retenus dans des camps de déplacés du nord-est de la Syrie.

Un maintien en détention "pas acceptable"

Washington, qui pousse les autres pays au rapatriement, a de son côté récemment commencé à rapatrier ses propres ressortissants, tandis que le Danemark entend les priver de la nationalité danoise.

Pour Michelle Bachelet, "les membres des familles (...) doivent être rapatriés, à moins qu'ils ne soient poursuivis pour des crimes".

Au total, plus de 11 000 membres présumés de familles étrangères de combattants de Daech sont détenus au camp d'Al-Hol, en Syrie, administré par les autorités kurdes, selon la Haut-Commissaire, pour qui le maintien en détention de ceux "qui ne sont pas soupçonnées de crimes (...) n'est pas acceptable".

Quant aux combattants, MIchelle Bachelet a appelé les États à se soucier du sort de leurs ressortissants qui sont poursuivis, relevant que plus de 150 hommes et femmes ont été condamnés à mort en Irak après des procès qui "n'ont pas été accompagnés des garanties d'une procédure régulière".

"Acte de cruauté"

La Haut-Commissaire a appelé les États à accorder la nationalité "aux enfants nés de leurs ressortissants" dans les zones de conflit, arguant qu'infliger le statut d'apatride à ces enfants est un "acte de cruauté".

"Les enfants apatrides sont souvent privés d'éducation, d'accès aux soins de santé et d'autres éléments fondamentaux de la dignité", a-t-elle fait valoir.

En France, l'oncle de deux enfants français âgés de 2 et 3 ans, détenus avec leur mère dans un camp de prisonniers de l'EI en Syrie, a par exemple récemment annoncé avoir porté plainte devant l'UE contre la France "qui refuse de les rapatrier" alors qu'ils sont "en danger".

Plus de 200 enfants de Français partis rejoindre la Syrie ou l'Irak à partir de 2012 sont détenus dans le nord syrien, la plupart avec leurs mères (une centaine) par les Kurdes dans les camps d'Al-Hol, Roj et Aïn Issa. Plus d'une centaine d'hommes français sont eux détenus dans des prisons kurdes.

Paris refuse de rapatrier les adultes, y compris les mères, dont la quasi-totalité refuse de laisser partir seuls leurs enfants, parfois encore nourrissons et dont les trois-quarts ont moins de six ans.

Avec AFP