
Dans un entretien accordé à France 24, l’opposant soudanais Sadek al-Mahdi appelle à une enquête indépendante sur la répression du sit-in le 3 juin dernier, qui a causé la mort d’une centaine de manifestants.
Dans un entretien exclusif accordé à France 24, Sadek al-Mahdi, l'un des leaders de l’opposition soudanaise, demande une enquête indépendante sur la répression du sit-in le 3 juin 2019, par des milices alliées du Conseil militaire de transition. Une centaine de manifestants y avaient trouvé la mort.
Le Conseil militaire de transition, en poste à Khartoum depuis l’éviction du président Omar el-Béchir en avril, a pour le moment rejeté tous les appels à une enquête internationale et indépendante sur la dispersion du sit-in.
L’incident est survenu après l’échec des négociations entre les militaires et les leaders de l’opposition, qui poursuit les manifestations demandant l'instauration d’un gouvernement civil à la tête du Soudan.
"Le Conseil militaire a déjà fait plusieurs déclarations contradictoires, donc nous avons besoin d'une enquête dans laquelle tous puissent avoir confiance. Le nombre de morts et le bain de sang qui a eu lieu ne seront pas acceptés sans une enquête fiable", affirme Sadek al-Mahdi à France 24.
Gouvernement d’experts
Sadek al-Mahdi, qui est imam et a été le dernier Premier ministre soudanais à être élu démocratiquement, a été évincé en 1989 par une alliance entre des islamistes et des responsables de l’armée qui ont ensuite formé le noyau dur du régime d’Omar el-Béchir.
"Tous nos problèmes viennent du fait que le Conseil militaire a pris le pouvoir sans avoir de plan" de gouvernement, estime Sadek al-Mahdi au sujet des événements qui ont suivi le départ du président el-Béchir le 11 avril. Toutefois, le leader de l’opposition se dit confiant que le Soudan trouvera une sortie de crise "avec un effort de médiation nationale, soutenu par des médiateurs régionaux et internationaux".
L’ex-Premier ministre appelle aussi à la formation d’un "gouvernement d’experts sans appartenance politique" pour faire sortir le pays de la crise et organiser des élections libres. Selon lui, les membres du Conseil militaire pourraient prendre part à l’exercice démocratique tant qu’ils en respectent les règles.
"Ils devront prendre un rôle civil et former un parti politique pour participer à ces élections générales libres", dit-il à propos des membres du Conseil à la tête du pays. "Nous n’accepterons aucun ordre qui viendrait des fusils", ajoute-t-il.