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"Les ambitions africaines du Kremlin"

Dans la presse, ce mercredi 12 juin, la décision de la justice russe d’abandonner les poursuites contre le journaliste Ivan Golounov. Les ambitions de la Russie en Afrique, notamment au Soudan, théâtre des rivalités étrangères. La dépénalisation de l’homosexualité au Botswana. Et une décision fort sympathique de la justice argentine.

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Dans la presse, ce matin, la décision de la Russie d’abandonner les poursuites contre le journaliste Ivan Golounov, ce journaliste accusé de trafic de drogue et dont l’interpellation, vendredi, a provoqué une mobilisation sans précédent dans son pays.

Cette réaction «rapide et sans précédent» des autorités russes est accueillie avec soulagement par Vedomosti, qui a publiquement exprimé son soutien à Ivan Golounov. Le quotidien russe voit dans l’abandon des poursuites engagées contre lui «une victoire morale»: le fait qu’un innocent ne soit pas reconnu coupable. Mais il estime aussi que «l'affaire Golounov» est loin d’être terminée, car la lutte contre un système dans lequel une telle arrestation est possible ne ferait que commencer: «la loi doit être la même pour tous, et doit être respectée par tous – et alors seulement la victoire sera définitive», écrit le journal. The Moscow Times estime, lui, que l’arrestation d’Ivan Golounov «marque une inflexion importante dans les relations entre le régime de Vladimir Poutine et les différentes élites ruses». D’après le quotidien, le Kremlin, d’abord pris au dépourvu par le tollé suscité par la détention d’Ivan Golounov, pourrait finalement tirer profit de cette affaire, et la partie la plus libérale de l’establishement pro-régime, prendre l’avantage sur son appareil de sécurité, jugé excessif. Mais là encore, The Moscow Times ne se fait pas d’illusions, prévenant que la Russie ne va pas pour autant «se rapprocher de la normalité».«La tentative de domestiquer la protestation est clairement hypocrite, et les forces de l'ordre riposteront à coup sûr, en cherchant à la fois à prouver leur loyauté envers Poutine avec plus de répression et à se préserver, à l’avenir de toute forme d’attention indésirable, avec un peu plus d’habileté».

La Russie, qui est parvenue à devenir, en peu de temps, un acteur important en Afrique. C’est ce qu’indiqueraient des documents obtenus par The Guardian – qui dit les tenir du Dossier Center, une cellule d’investigation basée à Londres et financée par l’homme d’affaires russe Mikhail Khodorkovsky, un opposant au Kremlin aujourd’hui exilé. Selon ces documents, la Russie chercherait à renforcer sa présence dans au moins 13 pays africains en construisant des relations avec leurs dirigeants, en concluant des accords militaires et en formant une nouvelle génération de dirigeants et d’agents infiltrés. Cette mission destinée à accroître l’influence de la Russie sur le continent serait conduite par Yevgeny Prighozin, un homme d’affaires basé à Saint-Pétersbourg et proche allié de Vladimir Poutine, et son objectif serait mettre la pression à la fois sur les Etats-Unis et sur les anciennes puissances coloniales sur le continent que sont la France et le Royaume-Uni, en particulier en République centrafricaine, à Madagascar et au Soudan.

Au Soudan, précisément, la répression contre l’opposition s’intensifie. Alors que la répression a fait au moins 120 morts, Le Figaro s’inquiète de l’implication de plusieurs grandes puissances dans cette crise, de plus en plus régie par l’étranger. Le journal français évoque la «vigilance» de la Chine, partenaire économique majeur du Soudan, où elle a fait de gros investissements, notamment dans le pétrole et le rôle, effectivement, de la Russie, qui avait fait du Soudan du président déchu Omar El Béchir sa tête de pont pour reconquérir sa puissance en Afrique. Moscou et Pékin ayant d’ailleurs bloqué ensemble une condamnation de la répression au Conseil de sécurité de l’ONU. Mais d’après Le Figaro, les «poids lourds» se trouvent ailleurs, au Moyen-Orient, où l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ne cachent pas leur implication, pas plus que l’Égypte, «qui a toujours considéré le Soudan comme son arrière-cour». L’UE tenterait, elle aussi de jouer sa carte, mais ses membres «marchent sur des œufs, à l’image de Paris», qui affiche son soutien aux manifestants mais ne voudrait pour autant «se trouver en rivalité avec les puissants clients que représente l’axe Le Caire-Riyad-Abu Dhabi».

En Afrique, toujours, la justice du Botswana a supprimé, hier, l’interdiction de l’homosexualité en vigueur dans le pays. La décision de la Haute Cour de dépénaliser l’homosexualité fait la Une du journal sud-africain The Herald, qui parle d’une décision «historique», saluée par la «joie» des militants de la cause homosexuelle au Botswana – qu’on voit brandir un drapeau arc-en-ciel, symbole de la cause LGBT. La même photo qu’a choisie The Financial Times. Le quotidien britannique évoque «une avancée historique» pour les droits des homosexuels en Afrique, où l’homosexualité reste un crime dans 30 pays, sur les 54 que compte le continent.

Avancée, aussi, peut-être, des droits des femmes… en Argentine. Là encore, c’est la justice qui a finalement tranché. D’après le Huffington Post, un tribunal argentin a condamné un homme à verser près de 150 000 euros à son ex-femme, pour les tâches ménagères réalisées au cours de leurs 27 ans de mariage. Cette femme de 70 ans, diplômée en économie, qui s’était consacrée entièrement à l’éducation de ses enfants et aux tâches domestiques, avait été quittée alors qu’elle avait 60 ans, c’est-à-dire à l’âge de la retraite, lorsque le marché du travail n’est plus accessible.

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