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Hors de contrôle, un bateau de croisière géant sème la panique à Venise

Un bateau de croisière géant hors de contrôle a suscité la panique, dimanche, à Venise, et fait quatre blessés légers, ravivant la controverse sur les risques et dommages écologiques provoqués par de tels navires.

Frayeur près de la place Saint-Marc. Hors de contrôle, un bateau de croisière a provoqué l’affolement, dimanche 2 juin, à Venise, et fait quatre blessés légers.

Victime d’une panne de moteur, le paquebot MSC Opera a ravivé la controverse sur les risques et dommages, notamment écologiques, qu'entraînent, pour la ville italienne ces énormes paquebots qui naviguent exceptionnellement près du rivage.

Le navire, qui peut transporter près de 2 680 passagers, naviguait sur le canal de la Giudecca lorsqu’il a heurté un quai puis un bateau touristique en voulant s'amarrer, selon les autorités portuaires.

Des images vidéo d'amateurs ont rapidement afflué sur Twitter. Sur celles-ci, des touristes à terre s'enfuient en courant devant le paquebot, long de 275   mètres et doté de 13   ponts, qui racle le quai tout du long, moteurs rugissants.

"Quand nous avons vu le bateau s'approcher de nous, tout le monde s'est mis à crier et courir", a raconté un marin qui se trouvait sur le bateau touristique River Countess, heurté par le MSC Opera.

"Je ne savais pas quoi faire. Je me suis enfui rapidement et sauté à terre", a poursuivi l'homme, qui a requis l'anonymat.

Plus de peur que de mal

Selon les autorités portuaires, l'accident a fait quatre blessés légers à bord du River Countess. Il s'agit de touristes, âgés de 67 à 72   ans, venus d'Australie, de Nouvelle-Zélande et des États-Unis.

"Le bateau de MSC a eu une panne de moteur, ce qui a été immédiatement signalé au capitaine", a déclaré Davide Calderan, responsable de la compagnie de remorqueurs chargée d'accompagner le navire jusqu'à sa place à quai. "Le moteur était bloqué avec la commande de poussée, parce que la vitesse augmentait", a-t-il ajouté.

Les deux remorqueurs chargés de guider le bateau dans le canal ont tenté de le ralentir mais l'une des chaînes les reliant au navire géant a sauté sous la pression, selon Davide Calderan.

En mai 2011 déjà, le MSC Opera avait souffert d’une panne électrique en mer Baltique. Il avait dû débarquer ses 1   800 passagers à Stockholm (Suède).

Un "signal d’alarme" pour les défenseurs de l’environnement

Si, par chance, l'accident n’a pas fait plus de dégâts, il ravive néanmoins les critiques qui agitent Venise à propos des dommages infligés au site - la ville portuaire et sa lagune sont inscrites au patrimoine de l'Unesco - et à son fragile écosystème par ces géants des mers qui naviguent si près du rivage que leurs cheminées se profilent derrière les clochers et les ponts de la cité lagunaire.

Les paquebots sont accusés par les défenseurs de l'environnement de contribuer à l'érosion des fondations de la ville.

"Ce qui s'est passé dans le port de Venise est une confirmation de ce que nous disons depuis un certain temps", a écrit sur Twitter le ministre italien de l'Environnement, Sergio Costa, avant de promettre, "les paquebots de croisière ne doivent pas naviguer le long de la Giudecca. Nous travaillons à les déplacer depuis plusieurs mois (...) et nous sommes proches d'une solution."

De son côté, le ministre des Transports Danilo Toninelli a, quant à lui, assuré que le gouvernement aurait trouvé une "solution définitive" d'ici la fin juin.

En novembre 2017, l’Italie a adopté un plan de développement de la lagune pour soutenir l'activité lucrative des bateaux de croisière tout en modifiant le parcours des paquebots. À terme, ceux-ci ne pourront plus traverser la cité via le canal de la Giudecca, qui longe la place Saint-Marc, grâce à la construction d'un nouveau terminal maritime.

Pour l'ONG environnementale WWF, l’incident du 2 juin est "un signal d'alarme important qu'il serait fou de ne pas entendre".

Nicola Fratoianni, député de la gauche italienne, a tenu à relever que la politique de bras ouverts de l'Italie à ces paquebots contrastait avec celle pratiquée à l'égard des bateaux des ONG qui secourent des migrants en Méditerranée.

"Il est réellement étrange de voir un pays qui essaye d'empêcher les bateaux qui sauvent des gens en mer d'accoster dans ses ports, autoriser ces monstres d'acier à faire peser un risque de carnage à Venise", a-t-il critiqué.

Avec AFP