
A la Une de la presse française, ce mardi 28 mai, le décryptage des résultats des élections européennes.
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A la Une de la presse française, ce matin, le décryptage des résultats des élections européennes.
Alors que les sondages annonçaient une abstention record et un raz-de-marée populiste, la participation augmente pour la première fois depuis 40 ans, la montée des eurosceptiques reste contenue et les Verts font une percée inattendue. Trois motifs de satisfaction pour Libération, qui se réjouit de voir l’Europe «faire de la résistance». «Cette Union qu’on disait exsangue, moribonde, s’avère plutôt bien portante», se félicite le journal – qui se demande toutefois s’il s’agit d’un «réel sursaut» ou d’un «feu de paille». Libé demande en tout cas aux nouveaux responsables de l’Union de «persuader», désormais, les classes populaires qu’elle «se soucie de leur sort». «Face à la Chine et à l’Inde conquérantes, face aux Etats-Unis repliés sur un trumpisme égocentrique, l’Union devra démontrer qu’elle peut être un rempart contre une mondialisation sans loi et une protection contre le désordre du monde. Le vote de dimanche lui en a donné les moyens. Elle est au pied du mur».
Parmi les surprises du scrutin, donc, il y a la percée des écologistes, arrivés en troisième position, avec 13,5% des voix. Un «rêve vert» qui serait d’abord celui des jeunes électeurs, notamment en France. 20 minutes note qu’Europe Ecologie les Verts est le premier parti des 18-24 ans, qui ont voté à 25% pour les écologistes, contre 15% pour le Rassemblement national et 12% pour La République en marche - un succès qui dépasse les frontières hexagonales, notamment en Belgique, en Irlande et en Allemagne, où les Grünen arrivent également en tête chez les moins de 30 ans, avec 33 % des voix. Le Parisien évoque une «génération écolo» dont l’engouement pour la défense de l’environnement serait toutefois à relativiser, d’après Eddy Fougier – qui souligne que les plus engagés viennent de milieux diplômés et bien insérés. «Quand on est jeune, explique ce sociologue, on accepte mal la société telle qu’elle est et on se tourne vers l’alternative la plus séduisante. Dans les années 2000, c’était l’alter-mondialisme, puis les Indignés. Aujourd’hui, c’est en même temps la génération écolo et la génération Easyjet». S’agit-il alors d’un simple phénomène de mode? Le dessinateur Ranson note que la classe politique française a été contrainte de se saisir de la question écologique. «Qu’est-ce-qui est vert et qui attend?», s’impatiente un jeune. «J’ai l’impression qu’ils nous prennent pour l’ancien monde», s’inquiète le Premier ministre auprès du président.
Autre poussée notable à ces élections, celle du courant centriste-libéral, dont la percée combinée à celle des Verts offre un nouveau visage au parlement européen, où de «nouvelles alliances» vont pouvoir se nouer, d’après La Croix. Les Verts et les libéraux, dont le groupe fait un bon de 40 sièges, sont les nouveaux «faiseurs de rois», confirme Le Figaro – qui souligne le renfort de La République en Marche, dont les 21 eurodéputés contribuent largement à cette poussée libérale. Cette recomposition débouche sur un parlement fragmenté, ce qui ne va pas faciliter la désignation du nouveau président de la Commission européenne. D’après Le Parisien, la question sera au menu du dîner «très stratégique» qui réunira ce soir à Bruxelles les dirigeants européens - des dirigeants divisés sur le choix du candidat idéal, Angela Merkel poussant son compatriote, Manfred Weber – dont Emmanuel Macron ne veut pas. Les noms de la commissaire danoise à la concurrence, Margrethe Vestager, du Néerlandais Frans Timmermans, ou encore du négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, le Français Michel Barnier, sont également évoqués.
Les élections européennes ont aussi un impact important sur la politique intérieure des Etats-membres, et la France n’échappe pas à la règle. Le Figaro annonce qu’Emmanuel Macron veut «profiter de l’élan des européennes» pour «relancer» son quinquennat, et remettre sur les rails les réformes suspendues par le mouvement des gilets jaunes, celle de l’assurance-chômage et des retraites, notamment. Des réformes plus vertes, conduites avec «plus de proximité et d’humanité», mais sans changement de cap, d’après le gouvernement. Place maintenant à l’«acte II du quinquennat d’Emmanuel Macron, dont la marge de manœuvre sera peut-être élargie grâce aux très mauvais scores de la droite et de la gauche. «Après la catastrophe des européennes, l’unité des Républicains est-elle encore possible?», s’interroge L’Opinion, où le patron de LR apparaît dans le dessin de Kak, en requin devenu la proie de ses camarades. «Cette déconvenue ne doit pas entamer notre appétit», les supplie Laurent Wauquiez. Des européennes «catastrophiques» aussi pour la gauche, victime de son éclatement, et qui ressemblerait à «un terrain en friche» - voilà pour le constat très pudique de L’Humanité, qui se demande «quelle gauche après ça?»…
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