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Selon les premières estimations, les listes "Gilets jaunes" ont mobilisé dimanche moins de 0,6 % du corps électoral. D'après une enquête Ipsos, les voix issues de ce mouvement social auraient surtout profité au Rassemblement national.

Alors que des milliers de Gilets jaunes défilent chaque samedi depuis novembre dans les rues, le vote des participants à ce mouvement social d'ampleur était surveillé de près dimanche 26 mai lors des élections européennes, premier scrutin depuis le début de la contestation.

Parmi les 34 listes de candidats, deux se revendiquaient uniquement Gilets jaunes. La première, Alliance jaune, menée par le chanteur Francis Lalanne, a remporté environ 0,54 % des suffrages. La deuxième '"Évolution citoyenne" avec à sa tête Christophe Chalençon a engrangé 0,01 % des votes.

Plusieurs partis avaient également intégré des Gilets jaunes sur leurs listes. Benjamin Cauchy était ainsi en 9e position de la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France, environ 3,51 %) alors que Jean-François Barnaba s'était allié aux Patriotes de Florian Philippot (entre 0,56 %). L'UPR (1,1 %) et le PCF (2,49 %) ont également revendiqué la présence de quelques Gilets jaunes sur leurs listes. Toutes ces candidatures sont loin d'avoir récolté le quorum nécessaire pour envoyer des élus au Parlement européen.

Né de contestations sur le prix de l'essence qui se sont étendues à des revendications sur le pouvoir d'achat, la justice fiscale et la participation politique, le mouvement des Gilets jaunes a rythmé de longs samedis de manifestations, rassemblant jusqu'à 282 000 personnes le premier jour de mobilisation le 17 novembre, selon le ministère de l'Intérieur.

Très vite, la question d'une traduction politique et électorale du mouvement s'est posée. Dans les premiers sondages qui, dès décembre, introduisaient dans leurs enquêtes l'éventualité d'une liste Gilets jaunes, celle-ci était crédité d'environ 10 % des intentions de vote. Six mois plus tard, les résultats donnent largement tort à ces premières enquêtes d'opinion.

Un mouvement qui a contribué à repolitiser les abstentionnistes ?

Si les Français se sont bien plus mobilisés qu'en 2014 pour les élections européennes, avec une participation supérieure de huit à dix points, la mobilisation s'est révélée plus importante dans les départements ruraux et dans la "diagonale du vide", cette zone allant de la Meuse aux Landes faiblement peuplée et frappée par l'exode rural. Ces derniers mois, ces zones ont été des bastions du mouvement des Gilets jaunes.

Comme le souligne le HuffPost, à défaut d'avoir un vote unifié, le mouvement a peut-être permis à ses participants de retrouver le chemin des urnes.

Où est allé le vote jaune ?

Sur quelles listes s'est alors porté le vote Gilets jaunes ? Selon un sondage Ifop publié le 24 mai, 44 % des personnes soutenant le mouvement Gilets jaunes ont indiqué voter pour le Rassemblement national contre 4 % pour La République en marche.

"Le débouché politique du mouvement des Gilets jaunes dans ces élections européennes, c'est très clairement le RN", analysait alors Jérôme Sainte-Marie, président de PollingVox.

Pourtant, parmi les figures des Gilets jaunes, le vote semble beaucoup plus éclaté. Thierry Paul Valette, qui avait constitué une liste avant d'abandonner, a appelé à voter pour la liste LREM, avant de finalement opter pour l'abstention. Ingrid Levavasseur, un temps sur la liste Alliance jaune, a glissé un bulletin EELV dans l'urne, selon l'AFP. Jacline Mouraud a quant à elle décidé de voter blanc. Hervé Giacomoni, porte-parole des Gilets jaunes de l'Aube, s'est rangé du côté de l'UPR pour soutenir le Frexit. Le passé politique de Christophe Chalençon plaçait sa liste à l'extrême droite.

"C'est un mouvement qui a pour caractéristique de systématiquement voir les personnes voulant en être les représentants délégitimées, attaquées par leurs pairs et il n'y a pas eu une liste Gilets jaunes mais plutôt un héritage convoité par différentes forces", résume Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.

"On parle de Gilets jaunes, ça tend à unifier le groupe mais ce qui les caractérise, c'est justement qu'il y a des gens qui sont très différents", analyse Emmanuelle Reungoat, maîtresse de conférences à l'université de Montpellier, pour l'AFP.

Avec AFP