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Fin du bipartisme, extrêmes droites, écologistes… le nouveau visage du Parlement européen

Les élections européennes de dimanche dessinent de nouvelles perspectives au sein du Parlement européen : fin du bipartisme entre la droite et les sociaux-démocrates, écologistes renforcés, et une extrême droite qui devra s'allier pour exister.

La fin d’une époque. Si le Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates (S&D) resteront les deux principales formations de l'hémicycle européen de 2019 à 2024, ils perdent leur capacité à réunir à eux seuls une majorité pour faire passer des textes législatifs.

Et c'est bien là un premier enseignement de ces élections européennes : la fin du bipartisme au Parlement européen entre les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates. "Les deux partis ne s'écroulent pas – ce n'est pas la catastrophe – mais ils n'ont plus les moyens à eux seuls de donner le 'la'", explique Gauthier Rybinski, chroniqueur international à France 24.

Ainsi, le PPE restera bien la première force de l'hémicycle avec 180 sièges, mais en perdra 36. Forts de cette victoire, les dirigeants du PPE ont réclamé la présidence de la Commission pour leur chef de file, l'Allemand – conservateur – Manfred Weber. Les sociaux-démocrates (S&D), deuxième parti du Parlement à l'issue du scrutin, avec 146 sièges (contre 185 auparavant), ont balayé d'un revers de main cette demande, laissant augurer de longues tractations dans la course désormais ouverte aux postes clés des institutions européennes.

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  Parlement européen (@PE_FRANCE) May 26, 2019

Écologistes et libéraux, alliés inévitables pour une majorité au Parlement

La majorité au Parlement européen étant de 376 eurodéputés sur 751, le S&D et le PPE – 326 sièges à eux deux – vont devoir composer avec les autres forces en présence pour exercer leur rôle de législateur. Cela pourrait passer par une alliance avec les écologistes, sortis renforcés avec 69 sièges, contre 52 dans l'hémicycle précédent.

L'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (ADLE&R), groupe dans lequel siégera La République en marche, pourrait également permettre aux sociaux-démocrates et aux chrétiens-démocrates d'obtenir une majorité au Parlement européen. Dimanche, elle a gagné 40 sièges, passant de 69 à 109 eurodéputés.

Quelle que soit l'issue des négociations à venir entre les différents groupes politiques à Strasbourg, les écologistes et l'ADLE&R seront, ensemble ou séparément, des alliés inévitables pour qu'une majorité – composée de tendances politiques modérées – se dessine au Parlement européen avec le S&D et le PPE.

Une extrême droite en progression mais aux alliances incertaines

Avec le scrutin de dimanche, l'extrême droite européenne progresse, renforcée par les succès du Rassemblement national en France et de la Ligue en Italie. Conséquence : le groupe de l'Europe des nations et des libertés (ENL) passe de 36 à 58 eurodéputés et souhaite plus que jamais une alliance avec les forces eurosceptiques et populistes.

Une ambition qui était déjà affichée une semaine avant les élections européennes quand Matteo Salvini avait réuni les extrêmes droites européennes à Milan, et réaffirmée dimanche soir par Marine Le Pen qui, peu de temps après les premiers résultats, a appelé à la "constitution d'un groupe puissant" au Parlement européen.

Il faudra pour cela une alliance avec les 54 eurodéputés (contre 42) du groupe populiste de L'Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD), où siège le Mouvement 5 Étoiles italien et que devrait rallier le nouveau parti europhobe de Nigel Farage – grand vainqueur des européennes au Royaume-Uni. À cela pourrait s'ajouter le groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) – qui regroupe notamment les conservateurs britanniques ou encore le PiS polonais –, bien qu’il soit en perte de vitesse avec 59 sièges (contre 77).

Mais les divergences politiques entre ces groupes étant parfois profondes, une alliance semble difficile. Et dans le cas contraire, un groupe de 171 eurodéputés a peu de chance de mettre à mal les équilibres politiques au sein de l'hémicycle européen.

Seul le cas de Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, pourrait faire bouger les lignes. Largement vainqueur des élections européennes dans son pays dimanche – plus de 50 % des suffrages exprimés pour son parti Fidesz –, il est actuellement suspendu de son groupe (le PPE) en raison de ses dérapages anti-Bruxelles. En virant vers l'extrême droite, il pourrait créer un nouveau rapport de force entre les différents groupes de l'hémicycle européen.

Avec AFP