Une étude publiée lundi par une vingtaine d'experts réévalue la montée des océans à cause du réchauffement climatique à deux mètres d'ici 2100. Une précédente étude estimait à un peu moins d'un mètre cette hausse du niveau des eaux.
Difficile de prévoir l'impact réel de la montée des eaux à cause du réchauffement climatique, tant la Terre est un système complexe. Si la dernière estimation de référence, réalisée par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) prévoyait en 2014 un scénario où les océans s'élèveraient d'un mètre d'ici la fin du XXIe siècle (par rapport à la période 1986-2005), une étude publiée lundi 20 mai est plus pessimiste encore.
Dans cette étude, parue dans les compte-rendus de l'Acédémie américaine des sciences (PNAS), 22 experts donnent leurs estimations sur la vitesse et l'importance de la montée des eaux. Certaines dépassent le consensus scientifique actuel.
5 °C de réchauffement
Le rapport de cette vingtaine d'experts ne contredit pas le scénario du Giec, mais prévient qu'il existe une probabilité non négligeable que la hausse soit plus importante. Leur prédiction médiane est de 69 cm d'augmentation du niveau des eaux par rapport à 2000, dans un schéma optimiste, et de 111 cm dans la trajectoire actuelle.
Le plus optimiste des scénarii prévoit un réchauffement de la planète de 2 °C par rapport à l'époque pré-industrielle (fin du XIXe siècle). C'est d'ailleurs l'objectif minimal de l'accord de Paris, signé en 2015. Mais la Terre s'est déjà réchauffée d'environ 1 °C depuis cette époque.
Le scénario le plus pessimiste envisage lui un réchauffement de 5 °C, ce qui correspond à la trajectoire actuelle, non infléchie, des rejets de gaz à effet de serre par les activités humaines.
Selon les experts qui ont participé à cette étude, il faut garder à l'esprit que l'amplitude possible de la montée des océans est très grande. Quand bien même l'humanité parvenait à limiter la hausse de la température du globe à 2 °C, la montée des eaux pourrait varier entre 36 et 126 cm (intervalle de probabilité de 5 à 95 %).
En cas de hausse de 5 °C, il existerait un risque de 5 % que la hausse dépasse 238 cm.
Perte de 1,79 million de km² de terres
Selon l'étude, réalisée selon les estimations de 22 experts des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique, la fonte de ces glaces est l'un des facteurs principaux de la montée des eaux, avec les glaciers (rivières de glaces) et l'expansion thermique des océans (l'eau chaude gagne en volume). Cette fonte des glaces est aussi le facteur le plus imprévisible, et c'est ici que les modèles d'experts ont progressé ces dernières années.
"Nous concluons qu'il est plausible que la montée du niveau des mers dépasse deux mètres d'ici 2100 dans notre scénario de haute température", écrivent les auteurs de l'étude.
Selon eux, un tel scénario se traduirait par la perte de 1,79 million de kilomètres carrés de terres, et le déplacement de 187 millions de personnes.
Jonathan Bamber, professeur à l'université de Bristol et auteur principal de l'étude, conclut : "Une montée des mers de cette ampleur aurait des conséquences profondes pour l'humanité".
Avec AFP