Face aux bâtiments de l'armée, à Khartoum, où ils campent depuis des semaines, les Soudanais ne se contentent pas de manifester. Ils ont créé une micro société, une petite "république" à l'image de ce qu'ils souhaitent pour tout le pays.
Voilà des semaines qu’ils campent devant le QG de l'armée soudanaise. La nuit venue, après la rupture du jeûne, les manifestants participant au sit-in viennent prendre la pose dans le photomaton de la révolution.
"Cette photo pour moi c'est un souvenir, pour mes enfants aussi et les générations à venir" explique l’un des participants au sit-in. "La preuve que nous avons fait tomber un régime vieux de 30 ans. Et nous continuerons la révolution pour aboutir à un régime civil et non militaire. C'est une photo pour l'Histoire."
"La révolution continue"
Parmi eux, beaucoup n'ont connu qu’Omar el-Béchir, déchu le 11 avril dernier par l’armée. Depuis, plus que jamais la politique est partout, la révolution sur toutes les lèvres.
Sur le sol, les manifestants ont constitué une bibliothèque dans laquelle on peut trouver des ouvrages autrefois interdits sous l’ancien régime. Un air de liberté retrouvée, mais une liberté encore bien limitée explique un autre manifestant.
"Dans ce sit-in, c’est une espèce de petite république, c’est différent. Ici, tu trouves toutes les composantes de la société soudanaise, toutes les classes. Mais en dehors de ce sit-in, on ne peut pas dire que la liberté soit totale. La révolution continue."
Une révolution qui, au pied du QG de l’armée à Khartoum, a pris des airs de micro société, avec ses propres règles, ses propres principes, et l’espoir que celle-ci s’étendra bientôt à tout le pays.