À l'occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, Emmanuel Macron a présidé vendredi 10 mai la cérémonie au jardin du Luxembourg, à Paris, pour la première fois de son mandat.
Ce vendredi 10 mai marque la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions. Pour la première fois depuis son élection, le président français, Emmanuel Macron, a présidé la cérémonie de commémorations dans le Jardin du Luxembourg, à Paris.
"C'est une histoire française. Une histoire universelle", a rappelé le président français, qui a longuement rendu hommage aux grandes figures de la lutte pour l'abolition. Il a salué "ces personnes qui ont pris la fuite, les armes ou la plume" contre l'esclavage, du révolutionnaire abbé Grégoire à Schœlcher en passant par Condorcet et Toussaint Louverture. Emmanuel Macron a également salué le combat de Christiane Taubira, qui a porté la loi de 2001 ayant instauré cette commémoration, reconnaissant la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité.
"Les années ont passé mais les conséquences sont toujours là", a également averti Emmanuel Macron.
Une fondation et un mémorial
Annoncée en 2016 par François Hollande, une "fondation pour la mémoire de l’esclavage" sera créée "dans les prochains mois", a promis Emmanuel Macron. Elle sera présidée par Jean-Marc Ayrault et domiciliée à l’Hôtel de la Marine, où l’abolition de l’esclavage fut décrétée le 27 avril 1848 par Victor Schœlcher. Par ailleurs, le président français a également annoncé l'inauguration d'un mémorial des victimes de l'esclavage dans le jardin des Tuileries en 2021 ainsi que l'extension des moyens mis à disposition du mémorial ACTe de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.
Peu avant la cérémonie, Emmanuel Macron et le président du Sénat, Gérard Larcher, ont remis les prix de la 4e édition du concours national "La Flamme de l'égalité". Un élève a pu expliquer aux deux dirigeants le projet de sa classe de Sarcelles : un film en stop-motion [l'animation image par image, NDLR] sur l'histoire de l'esclavage. "J'ai appris que tous les hommes sont égaux quelle que soit leur couleur de peau", a expliqué le jeune élève. "C'est une bonne synthèse", a souri le président français.
Une abolition en deux temps
Selon Jeune Afrique, entre 12 et 18 millions d’Africains auraient été déportés par la France depuis l’Afrique subsaharienne vers les Amériques, entre l'autorisation par Louis XIII de la traite négrière au milieu du XVIIe siècle et l'abolition définitive en 1848 de l'esclavage.
Sous l'impulsion des philosophes des Lumières, une critique de l'esclavage et de la traite commence à émerger au XVIIIe siècle. Dans "De l'esprit des lois" (1748), Montesquieu se fait ainsi sarcastique vis-à-vis de "ceux qui se disent chrétiens et qui pratiquent l’esclavage". En 1788, la "Société des amis des Noirs" se crée à Paris et vise l'abolition.
La Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789 abolit l'esclavage mais reste sans conséquences dans les Antilles françaises. Il faut attendre février 1794 pour que la "Société des amis des Noirs" obtienne une première abolition. Cependant, Napoléon Bonaparte rétablit très vite l'esclavage et la traite en 1802.
Il faudra finalement attendre le 27 avril 1848 pour qu'un décret du gouvernement provisoire de la Seconde République abolisse définitivement l'esclavage dans toutes les colonies françaises. L'abolition de l'esclavage sera inscrite dans la Constitution le 4 novembre 1848.
La date du 10 mai n'est pas la seule à commémorer l'abolition de l'esclavage. Le 23 mai est officiellement "Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial" tandis que chacun des départements d'outre-mer dispose de ses propres commémorations : 27 avril à Mayotte, 22 mai en Martinique, 27 mai en Guadeloupe, 10 juin en Guyane et 20 décembre à La Réunion. Tous ces jours sont fériés.