Dans un rapport publié le 8 mai, l’ONG Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme sur les violences à l’encontre de la communauté LGBT en Tchétchénie. L'organisation appelle les autorités russes à enquêter.
Détentions illégales, torture, humiliations... Selon un nouveau rapport de l'ONG Human Rights Watch, rendu public mercredi 8 mai, une nouvelle vague répressive vise la communauté LGBT en Tchétchénie. Les hommes soupçonnés d’être homosexuels continuent d’être persécutés par les autorités, affirme le texte.
Human Rights Watch a recueilli les témoignages de quatre hommes détenus entre décembre 2018 et février 2019, dans un centre géré par le Département des affaires intérieures de Grozny, la capitale régionale. Emprisonnés entre trois et vingt jours, ils racontent avoir été violentés par la police "à coups de pied ou de tuyaux en polypropylène", rapporte l’ONG. Trois d’entre eux parlent de "torture par chocs électriques", et l’un explique avoir été violé avec un bâton.
Deux ans de "purge anti-LBGT"
Si les désastreuses conditions de détentions sont détaillées dans le rapport – pas de nourriture, très peu d’eau, des cellules partagées avec 40 autres détenus –, l’emprisonnement de ces témoins n’en a été que plus dur car soupçonnés d’être homosexuels ou bisexuels. "Ils ont été interrogés sous la torture, afin qu’ils dénoncent les autres hommes gays de leurs cercles sociaux", peut-on lire dans le rapport, "et les gardes les appelaient par des pronoms féminins". L’un des témoins raconte que la police a révélé son orientation sexuelle à sa famille, et "indirectement encouragé" cette dernière à le tuer.
"Il n’y a pas eu une quelconque enquête efficace lors de la purge anti-gay en 2017, quand la police du pays rassemblait et torturait des douzaines d’hommes suspectés d’être homosexuels", explique dans le rapport Rachel Denber, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch . "C’est cette impunité qui a rendu possible cette nouvelle vague de violences anti-LGBT."
En avril 2017, le journal d’investigation indépendant russe Novaïa Gazeta, à l’origine des révélations sur les "purges anti-LGBT", affirmait que la police avait enlevé une centaine de personnes. Une affirmation à laquelle le porte-parole du ministère de l’Intérieur avait répondu que les homosexuels n’existaient pas en Tchétchénie. Depuis deux ans, plus de 150 personnes ont été exfiltrées du pays par le Russian LGBT Network, une ONG de défense des droits des LGBT.