Donald Trump a annoncé, dimanche, une augmentation de 200 milliards de dollars sur les produits chinois soumis à des droits de douane. Une manière pour Washington de mettre la pression sur Pékin avant la signature d'un accord commercial.
La guerre commerciale entre Pékin et Washington est relancée. Donald Trump a annoncé, dimanche 5 mai, une hausse des droits de douane sur 200 milliards de dollars de produits chinois, un avertissement à Pékin sans équivoque, à quelques jours de la tenue de négociations à Washington présentées comme ultimes avant la signature d'un accord ou la reprise de la guerre commerciale. Cette annonce a provoqué un plongeon des Bourses et de la monnaie chinoise lundi matin à l'ouverture.
En réaction à l'annonce du président américain, le gouvernement chinois envisagerait désormais d'annuler les tractations qui devaient reprendre mercredi, affirme le Wall Street Journal (WSJ), citant une source proche des discussions.
"Un pistolet sur la tempe"
La décision d'annuler ou de maintenir les négociations dépend du vice-Premier ministre Liu He, selon le WSJ, soulignant que pour l'heure, le principal négociateur chinois se rend à Washington comme prévu. Annuler ces discussions serait toutefois conforme à la stratégie de Pékin de ne pas négocier sous la menace, a observé la source du WSJ. Les responsables chinois avaient en effet l'an passé constamment refusé de discuter avec Washington "un pistolet sur la tempe".
Signe de l'embarras de Pékin, le régime communiste n'avait pas réagi lundi en milieu de matinée aux propos de Donald Trump, dont les médias officiels ne faisaient pas même état.
Donald Trump a constamment brandi la menace des droits de douane pour contraindre Pékin à accepter les exigences américaines. Pour accroître la pression, il s'est de nouveau dit prêt dimanche à taxer la totalité des exportations chinoises vers les États-Unis (539,5 milliards de dollars en 2018) s'il n'obtenait pas d'accord.
Des avancées trop lentes selon Washington
"Pendant 10 mois, la Chine a payé des droits de douane aux États-Unis à hauteur de 25 % sur 50 milliards de dollars de (biens) technologiques, et 10 % sur 200 milliards de dollars d'autres biens", a écrit le président américain sur Twitter. Les 10 % vont être relevés à 25 % vendredi", a-t-il annoncé, justifiant cette mesure par le fait que les négociations n'avançaient pas assez vite.
Le président républicain avait décidé début décembre de suspendre l'augmentation de ces tarifs douaniers en raison de la reprise des discussions commerciales qui étaient présentées jusqu'à cette semaine comme "fructueuses" avec de grandes chances d'aboutir à un accord. "L'accord commercial avec la Chine avance, mais trop lentement, alors que (les Chinois) tentent de renégocier. Non !", a tempêté Donald Trump sur Twitter.
....of additional goods sent to us by China remain untaxed, but will be shortly, at a rate of 25%. The Tariffs paid to the USA have had little impact on product cost, mostly borne by China. The Trade Deal with China continues, but too slowly, as they attempt to renegotiate. No!
Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 5 mai 2019Le président compte rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux pays et réduire le colossal déficit bilatéral des États-Unis (378,73 milliards de dollars en 2018, excédent des services compris).
Outre une plus grande ouverture du marché chinois aux produits américains, il exige des changements structurels pour mettre fin aux transferts forcés de technologie américaine, au "vol" de la propriété intellectuelle ou aux subventions aux entreprises publiques.
Reprise de la guerre commerciale ?
Si les prochaines négociations à Washington avaient effectivement lieu, elles pourraient soit conduire Donald Trump à annoncer un sommet avec son homologue chinois, Xi Jinping, pour signer un traité commercial à la portée potentiellement historique, soit la guerre commerciale pourrait repartir de plus belle.
Pour l'heure, l'administration Trump assure en revanche que l'économie américaine n'est pas affectée par ce conflit, contrairement à l'économie chinoise qui a enregistré l'an passé sa plus faible croissance en près de trente ans.
Certains industriels américains, qui importent des produits chinois sous le coup des tarifs, ont, eux, déjà déploré des hausses de coûts tandis que les experts s'accordent à dire que les consommateurs américains vont pâtir de la hausse des prix des produits de consommation courante.
Avec AFP et Reuters