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Les comptes et contenus liés à six personnalités et au site "Infowars", considérés comme des "individus et organismes dangereux", ont été interdits de Facebook, a annoncé le réseau social jeudi.

Très souvent accusé de ne pas expurger assez vite les publications problématiques ou choquantes, Facebook a pris plusieur mesures jeudi 2 mai. Le réseau social a lancé une nouvelle offensive contre des promoteurs de discours extrémistes, violents, antisémites, racistes ou complotistes, dont les célèbres figures américaines Louis Farrakhan, leader de l'organisation "Nation of Islam", et Alex Jones, fondateur du site "Infowars".

"Nous avons toujours interdit les individus ou organisations qui promeuvent ou se livrent à la violence et la haine, quelle que soit l'idéologie", a indiqué l'entreprise, qui a supprimé définitivement comptes et contenus liés à six personnalités et au site "Infowars", estimant qu'ils entraient dans sa catégorie "individus et organismes dangereux". Ces décisions sont valables aussi pour sa filiale Instagram.

Le réseau social était notamment sous le feu des critiques depuis la tuerie, en mars, dans deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande, perpétrée par un suprémaciste blanc. Le tireur avait diffusé l'attaque en direct sur Facebook. En réaction, ce dernier avait annoncé fin mars l'interdiction de davantage de publications ayant trait au "suprémacisme blanc" et autres idéologies voisines.

Théories du complot

Louis Farrakhan, 85 ans, à la tête de l’organisation "Nation of Islam" fondée en 1930, est connu pour des prises de position violentes, régulièrement antisémites ou homophobes. "Hitler était un très grand homme", avait-il notamment déclaré en 1984 lors d'une interview, selon le Southern Poverty Law Center, spécialisé dans l'étude des groupes extrémistes. Le célèbre rappeur Snoop Dogg a diffusé – sur Instagram – deux vidéos de soutien à Louis Farrakhan, insultant abondamment Facebook en des termes orduriers.

Alex Jones, 45 ans, est un célèbre complotiste d'extrême droite, fondateur du site "Infowars", prompt à diffuser théories du complot et autres infox. Il est notamment connu pour avoir prétendu que la fusillade dans l'école primaire Sandy Hook en 2012, qui avait fait 26 morts dont 20 enfants, était une mise en scène. Il ne sera désormais plus possible de partager les vidéos d'"Infowars", sinon dans le but de les condamner, a précisé le réseau social.

Alex Jones et "Infowars" avaient déjà fait l'objet d'interdictions, temporaires pour certaines, de la plupart des plateformes internet l'été dernier, dont Facebook, Twitter, YouTube (Google)...

"Une purge purement politique"

Paul Nehlen, un politicien membre du parti républicain et figure de l'extrême droite américaine, a également été banni jeudi, de même que Milo Yiannopoulos, polémiste ultra-conservateur britannique, chantre du nationalisme blanc aux États-Unis. Aussi visé, Paul Joseph Watson est un jeune Britannique adepte des théories du complot dont les vidéos d'extrême droite font des centaines de milliers de vues sur internet. Sur Twitter, Paul Joseph Watson a réagi en évoquant "une purge purement politique", affirmant n'avoir "enfreint aucune règle" du réseau.

Enfin, l'Américaine Laura Loomer est coutumière de vidéos et déclarations complotistes ou anti-musulmanes sur les réseaux sociaux. Facebook va retirer toutes les pages, groupes et comptes qui les représentent d'une manière ou d'une autre (y compris les pages non officielles relayant les mêmes contenus), a précisé la firme jeudi.

"Un pas dans la bonne direction"

L'ONG américaine spécialisée "Media Matters for America" a salué dans un communiqué "un pas dans la bonne direction" de la part du réseau social.

La catégorie "individus et organismes dangereux" de Facebook est définie ainsi sur son site internet en français : "Afin d'éviter et d'empêcher toute nuisance et tout danger dans le monde réel, les organisations ou individus impliqués dans les activités suivantes ne sont pas les bienvenus sur Facebook : les activités terroristes, la haine organisée, les meurtres de masse ou en série, la traite des personnes, la violence ou les activités criminelles organisées".

Avec AFP