Le Parlement égyptien a voté mardi un amendement permettant au président Abdel Fattah al-Sissi de rester au pouvoir jusqu'en 2030. Ce vote des députés doit encore être suivi d'un référendum du 19 au 21 avril.
Le Parlement d’Égypte a approuvé mardi 16 avril un amendement à la Constitution permettant au président Abdel Fattah al-Sissi de rester au pouvoir jusqu'en 2030.
Abdel Fattah al-Sissi a été élu en 2014 avec 96,9 % des voix pour un mandat de quatre ans puis réélu en 2018 avec un score 97,08 %. Le nombre de mandat était jusqu'à présent limité à deux. Le nouvel article 140 permet ainsi de faire passer le deuxième mandat du président de quatre à six ans, portant ainsi son terme à 2024. Le chef de l'État pourrait en outre se représenter en 2024 à un troisième mandat de six ans.
Aucune information n'était disponible dans l'immédiat sur le nombre de voix recueillies en faveur du texte. Mais cette législature, en place depuis 2016, est majoritairement favorable au président Sissi. La presse étrangère n'a pas été autorisée à couvrir cette réunion, comme souvent lors des sessions parlementaires.
La campagne du référendum a commencé
Le vote du Parlement doit encore être suivi d'un référendum organisé du 20 au 22 avril. La consultation populaire se tiendra du 19 au 21 avril pour les Égyptiens de l'étranger. La campagne pour cette consultation a déjà commencé avec de nombreuses banderoles déployées dans les rues du Caire depuis plusieurs jours.
Outre la durée du mandat présidentiel, la révision constitutionnelle, à travers d'autres amendements, doit aussi accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l'exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l'armée, pilier du régime. Comptant moins d'une vingtaine de députés, la petite alliance d'opposition, le bloc "25-30", a appelé les Égyptiens a rejeter cette révision.
Chantre de la stabilité et de la lutte antiterroriste auprès des chancelleries occidentales, Abdel Fattah al-Sissi, 64 ans, est accusé par les ONG de graves violations des droits humains : torture, disparitions forcées, record d'exécutions capitales, emprisonnement d'opposants, musellement de la presse… Mais les partisans du chef de l'État au Parlement maintiennent que la révision constitutionnelle s'avère indispensable à la stabilité politique et économique du pays.
Amnesty International a déclaré mardi que les amendements adoptés allaient "élargir les procès militaires pour les civils, saper l'indépendance de la justice, renforcer l'impunité des membres des forces de l'ordre pour les violations des droits humains, et intensifier le climat de répression qui existe déjà dans le pays". Cette révision "démontre le mépris du pouvoir égyptien pour les droits de tous en Égypte" a ajouté Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour le Moyen-Orient de l’ONG.
Avec AFP