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#BusEuropeF24, 3e étape : l'immigration domine les débats en Autriche

À moins de deux mois des élections européennes, France 24 a lancé un "Bus de l’Europe" pour sillonner dix pays européens. Quatre reporters embarqués vont à la rencontre des électeurs. Troisième escale : à Vienne, en Autriche.

En Autriche, un enjeu cristallise la campagne des élections européenes du 26 mai : les frontières. Une partie de la population "pense que nous avons un problème d'immigration", estime au micro de France 24 Karine, une habitante de Vienne de 52 ans. "Beaucoup ont peur des étrangers, persuadés qu'ils amènent avec eux l'instabilité", ajoute-t-elle.

Depuis le retour au pouvoir de la formation d’extrême droite autrichienne Parti de la liberté (FPÖ), fin 2017, au sein d’une coalition menée par les chrétiens-démocrates du Parti populaire (ÖVP), la politique migratoire s'est nettement durcie dans le pays. Pour preuve, le florilège de mesures annoncées par le gouvernement de Sébatsien Kurz à l'encontre des demandeurs d’asile : les entreprises autrichiennes n'ont plus le droit de les embaucher comme apprentis, la réduction des moyens alloués à leur intégration, comme les cours d'allemand, ainsi que la mise en place d'une "détention de protection" pour ceux jugés potentiellement dangereux. Sans oublier les réductions d'aides sociales qui touchent notamment les étrangers.

Résultat : chaque jeudi depuis octobre 2018, environ 2 000 Viennois manifestent contre la politique de leur gouvernement, pour dénoncer le virage à l'extrême droite du parti conservateur. L'Autriche dénombre 115 réfugiés et 46 000 demandeurs d'asile, selon les ONG.

À l'échelle européenne aussi, le FPÖ, allié au Rassemblement national de Marine Le Pen et à La Ligue de Matteo Salvini au Parlement européen, veut freiner l'entrée des réfugiés. Pendant les six mois de sa présidence au Conseil européen, en 2018, l'Autriche a plaidé pour un renforcement des contrôles aux frontières. La formation d'extrême droite a multiplié les attaques contre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, allant jusqu'à demander sa démission.

Pour l'heure, le FPÖ est l’un des partis populistes les plus puissants d’Europe (il a obtenu près de 26 % des voix aux élections législatives fin 2017). Et il n'est pas impossible qu'il se rallie au nouveau groupe annoncé par Matteo Salvini, l’Alliance européenne des peuples et des nations qui réunirait environ dix partis hostiles à l'immigration.

Nombre d’habitants : 8,58 millions
Nombre de députés à élire :19 (+1)
Entrée dans l’Union européenne : 1995
Membre de la zone euro : 1999
Majorité actuelle au gouvernement : une coalition formée par la droite (ÖVP) et l'extrême droite (FPÖ)
Mode de scrutin : Les eurodéputés autrichiens sont élus au scrutin proportionnel, et les sièges sont répartis entre les listes ayant dépassé 4 % des suffrages exprimés.

Sources : *Eurostat et **Fondation Robert Schuman