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Migrants à Lesbos, la vie en suspens

À Lesbos, les organisations humanitaires alertent sur ce qu’elles appellent une crise de santé mentale parmi les migrants et les réfugiés présents en nombre sur l’île grecque. Les 5 000 personnes présentes dans camp de Moria, dirigé par le gouvernement grec, sont particulièrement touchées par les mauvaises conditions de vie et un sentiment de désespoir qui s'installe. Nos reporters Claire Paccalin et Zohra Ben Miloud se sont rendues sur place.

"Quand ils arrivent à Lesbos, ils pensent toujours voir une sorte de lumière après une expérience très difficile. Mais ils découvrent ensuite que le cauchemar n'est pas terminé". Alessandro Barberio est l'un des rares psychiatres à travailler auprès des migrants à Lesbos, cette île grecque considérée comme une passerelle vers l'Europe pour ceux qui traversent la mer Égée depuis la Turquie.

"Dans le camp de Moria, ils doivent gérer une longue attente et ils ne peuvent rien y faire", explique le Dr Barberio, qui travaille pour Médecins sans frontières.

La plupart des migrants n’ont pas l’intention de rester sur l’île, ils espèrent se rendre en Grèce continentale, puis dans les pays européens les plus riches. Mais ils doivent d'abord faire une demande d'asile, et beaucoup attendent plus d'un an pour que leur dossier soit étudié.

Sans perspective d’avenir, difficile de ne pas se laisser dévorer par l’ennui et la monotonie des journées qui passent. L’attente interminable pour se procurer de la nourriture ou déposer un dossier de demande d’asile est source de tension.

L’angoisse, l’attente et les conditions de vie difficiles dans le camp exacerbent encore les traumatismes subis dans les pays d’origine des migrants et durant leur voyage en Europe. Lorsqu'ils se retrouvent coincés dans le camp de Moria, ce mélange de désespoir et d'incertitude peut conduire à de graves problèmes psychologiques et des troubles mentaux.

Et les plus jeunes ne sont pas épargnés. Selon MSF, qui gère un dispensaire pour enfants situé à proximité de Moria, de plus en plus d'enfants et d'adolescents se mutilent et ont des idées suicidaires.

Pour les migrants, Moria est désormais synonyme de désillusion, où les frustrations et traumatismes de chacun se cumulent dangereusement.

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