
Les cérémonies du 70e anniversaire de l'invasion de la Pologne par les nazis ont été marquées par les discours d'Angela Merkel et de Vladimir Poutine, qui ont rendu hommage aux victimes polonaises de l'occupation nazie et soviétique.
La Pologne a accueilli, mardi, les cérémonies de commémoration du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, dont elle avait été le théâtre il y a 70 ans. Le 1er septembre 1939, à 4H45, le cuirassé allemand Schleswig-Holstein tiraient les premiers coups de canons du conflit contre la base polonaise de Westerplatte, près de Gdansk.
C'est sur ce lieu historique que les représentants des belligérants de l'époque se sont réunis. Les discours de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du Premier ministre russe, Vladimir Poutine, ont été les points d’orgue de la journée. Leurs interventions étaient particulièrement attendues, car les interprétations historiques sur le début du conflit divergent encore entre l'Allemagne, la Russie et la Pologne.
“Aucun pays n’a souffert autant de l’occupation allemande que la Pologne, a reconnu Angela Merkel dans son adresse. Ici à Westerplatte, en tant que chancelière allemande, je rends hommage à tous les Polonais qui ont horriblement souffert des crimes des forces d’occupation allemandes." La chancelière a également rendu hommage au nom des siens aux "60 millions de personnes qui ont perdu la vie à cause de cette guerre commencée par l’Allemagne".
"Toutes les tentatives d'apaiser les nazis entre 1934 et 1939 par divers accords et pactes étaient moralement inacceptables et n'avaient aucun sens politique, elles étaient nuisibles et dangereuses, a déclaré, de son côté, Vladimir Poutine. "Nous devons admettre ces erreurs. Notre pays l'a fait. Le Parlement russe a condamné le pacte Ribbentrop-Molotov. Nous sommes en droit d'attendre la même chose des autres pays qui ont également conclu des accords avec les nazis". Une façon de tacler la France et l’Angleterre, cosignataires des accords de Munich en 1938 qui laissèrent le champ libre aux nazis d’annexer la Tchécoslovaquie
Lundi, Poutine avait déjà appelé à "tourner la page" du différent entre Varsovie et Moscou sur cette question. "Notre devoir envers les morts et l'Histoire est de tout faire pour que les relations russo-polonaises se débarrassent du poids de la méfiance et de la partialité qui nous a été laissé en héritage. Tournons la page, et écrivons-en une nouvelle", a écrit le Premier ministre russe dans une tribune publiée par le journal polonais "Gazeta Wyborcza".
Depuis la signature, en août 1939, du pacte Ribbentrop- Molotov, qui fixait les modalités du partage de l’Europe – et notamment de la Pologne – entre le IIIe Reich et l'URSS, Varsovie et Moscou ont toujours entretenu des relations compliquées. Dernier épisode en date : la publication par les services secrets russes de certaines archives visant à démontrer une implication de la Pologne dans la préparation de la campagne de Russie de la Wehrmacht.
Massacre d’officiers polonais à Katyn
"Je suis sûr que, tôt ou tard, les relations russo-polonaises peuvent atteindre [le même niveau élevé de partenariat qu'entre la Russie et l'Allemagne]", ajoute Vladimir Poutine dans sa tribune.
Dans le texte, celui-ci revient encore sur le massacre de Katyn, au cours duquel la police secrète soviétique est soupçonnée d'avoir tué quelque 22 000 officiers polonais en 1940, sujet sur lequel Moscou reste traditionnellement muet. "Ensemble, nous devons nous souvenir des victimes de ce crime", affirme le Premier ministre russe, bien que la justice de son pays refuse toujours de communiquer tous les documents dont elle dispose. Pendant longtemps, l'URSS avait attribué ce massacre aux nazis, jetant un froid sur les relations entre Moscou et Varsovie.
Cette main tendue de la Russie est une aubaine pour le Premier ministre polonais, Donald Tusk, qui, depuis sa prise de fonctions en 2007, tente de réchauffer les relations de son pays avec la Russie, dégradées sous l’ère des frères Kaczynski.
Le président de la Chambre basse du Parlement polonais, Bronislaw Komorowski, a ainsi immédiatement réagi à l'article de Vladimir Poutine, le qualifiant de "grand pas en avant".
La Pologne, qui souhaite augmenter ses importations de gaz auprès de Gazprom dès 2010, a revu à la baisse le nombre de déportés polonais en Sibérie durant l’invasion russe, s’alignant sur les chiffres de Moscou.