Les députés de la Chambre des communes ont rejeté vendredi, pour la troisième fois, l'accord de Brexit négocié avec l'Union européenne. Le Royaume-Uni doit maintenant présenter une alternative d'ici au 12 avril s'il veut éviter un "no deal".
Les députés de la Chambre des communes ont rejeté pour la troisième fois l'accord de Brexit vendredi 29 mars, plongeant à nouveau le Royaume-Uni dans l'incertitude.
Destiné à mettre en œuvre en douceur un Brexit décidé par référendum en juin 2016, le projet de traité a été rejeté par 344 voix contre 286, dans le droit-fil d'une séquence législative chaotique, qui a vu la Chambre des communes le retoquer le 15 janvier puis le 12 mars. Ce vote est un cinglant désaveu pour la Première ministre conservatrice, qui a âprement négocié avec Bruxelles ce texte de près de 600 pages pendant de longs mois, et pose la question de sa survie à la tête de l'exécutif.
"C'est profondément regrettable", a réagi Theresa May. "Les implications de ce vote sont graves", a-t-elle ajouté, soulignant que le scénario par défaut était désormais un Brexit sans accord le 12 avril.
Ironie de l'histoire, ce vote a eu lieu le jour même où le Royaume-Uni aurait théoriquement dû quitter l'UE, ce vendredi 29 mars. Mais Londres avait obtenu des dirigeants européens un report pour sortir de l'impasse au Parlement.
Vers le "no deal" ?
Le gouvernement britannique a donc jusqu'au 12 avril pour proposer un plan B aux dirigeants de l'Union européenne. Sinon, le Royaume-Uni quittera ses partenaires européens sans accord ("no deal"), et sans transition, un scénario cauchemardesque pour les milieux économiques.
Le scénario d'un "no deal" est "désormais probable", a estimé une porte-parole de la Commission européenne, appelant le Royaume-Uni à "indiquer la voie à suivre avant" le 12 avril pour l'éviter. Le président du Conseil européen Donald Tusk a lui annoncé la convocation d'un sommet européen spécial le 10 avril.
"Il appartient d’urgence au Royaume-Uni de présenter dans les tout prochains jours un plan alternatif (élections législatives, référendum, union douanière…). À défaut, et cela devient le plus probable, nous constaterons que le Royaume-Uni
quitte l’Union européenne sans accord", a estimé pour sa part la présidence française. "L’idée d’une extension longue, impliquant une participation du Royaume-Uni aux élections européennes, ne pourra être examinée que si le plan alternatif est crédible, soutenu par une majorité au Parlement britannique."
Le Labour exige des élections générales
Dans une ultime tentative pour sauver le projet de traité, Theresa May avait promis mercredi qu'elle quitterait ses fonctions si son texte était approuvé, cédant aux appels d'élus de son camp qui conditionnaient leur soutien à sa démission. Même si cette condition n'est pas remplie, la cheffe de l'exécutif, cible d'incessantes critiques ces derniers mois, est désormais plus que jamais sur la sellette.
"Cet accord doit maintenant changer", a notamment tonné le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn. "Et si la Première ministre ne peut l'accepter, elle doit partir. Pas à une date indéterminée, mais maintenant !"
Le prochain épisode de la saga du Brexit aura lieu lundi, les députés devant tenter de s'accorder sur une alternative au plan de Theresa May. Mercredi, ils n'avaient réussi à réunir une majorité sur aucun des huit scénarios proposés.
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