
En remportant plus de 300 des 480 sièges de l'Assemblée, le Parti démocrate du Japon a mis fin à un règne long de plus de 50 ans du Parti libéral démocrate. Son président, Yukio Hatoyama, devrait être élu Premier ministre.
Pour la seconde fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Japonais ont mis fin au règne du puissant Parti libéral démocrate (PLD), aux commandes du pays depuis 1955, lors des législatives du 30 août.
Les résultats officiels du scrutin, attendus dans la journée de lundi, détermineront le nombre exact de sièges dont disposera le Parti démocrate du Japon (PDJ), dans une fourchette comprise entre 300 et 329 sièges sur 480, selon les estimations des médias. Une débâcle pour le PLD, qui devra se contenter d’environ 119 sièges - contre 300 jusqu'à présent.
"C’est la première fois qu’un seul parti obtient plus de 300 sièges lors d'un scrutin législatif, précise Nathalie Tourret, correspondante de FRANCE 24 à Tokyo. Le pays entame un nouveau chapitre de son histoire politique."
L’allié du PLD, le parti de centre-droit Nouveau Komeito, a également subit un cuisant revers, ajoute Nathalie Tourret.
Le Premier ministre sortant, Taro Aso, dont les nombreuses gaffes et le leadership discutable n’on fait qu’accélérer le déclin de son parti, n’a pas attendu les résultats officiels pour reconnaître sa défaite et annoncer sa démission du PLD.
Il gardera cependant ses fonctions quelques semaines de plus, le temps pour le Parlement d’introniser son successeur, qui, sauf surprise, devrait être le chef du PDJ, Yukio Hatoyama. Lors d’une conférence de presse au lendemain du scrutin, Hatoyama a reconnu le caractère historique de la victoire de son parti, mais a également abordé les défis qui l’attendent. "En arriver là a pris du temps, mais nous sommes enfin sur la ligne de départ. Et cette victoire n'est certainement pas la ligne d’arrivée. Nous avons réussi à créer une nouvelle politique qui répondra aux attentes des gens", a-t-il déclaré.
En attendant la composition définitive de son gouvernement, dont la composition ne sera connue officiellement qu’après sa prise de fonctions, Yukio Hatoyama devrait mettre en place une équipe provisoire.
Une période d’incertitude politique s’achève, le yen progresse
Alors que les résultats officiels se font attendre, la victoire historique du PDJ a déjà affecté la Bourse de Tokyo. Dans un pays touché par la déflation et dont les perspectives de croissance sont loin d’être mirobolantes, la fin de cette période d’incertitude politique a immédiatement provoqué un regain d’engouement pour le yen.
Les regards des analystes sont désormais braqués sur le nouveau Premier ministre, afin de voir ce qu'Hatoyama bâtira sur ses promesses électorales de développer l’État providence et de renflouer la deuxième économie mondiale, actuellement mal en point.
Descendant d’une célèbre famille politique japonaise comparée au clan Kennedy aux États-Unis, Hatoyama a su incarner le changement, à l'instar de Barack Obama.
Diplômé de l’université californienne de Standford, le chef du PDJ a mené une campagne populaire, rassemblant des milliers de partisans dans ses meetings.
Dans son éditorial de ce lundi, le quotidien Asahi Shimbun, qui a largement soutenu le PDJ durant la campagne, estime que le parti de Yukio Hatoyama n’a pas le temps de célébrer sa victoire, et doit d’ores et déjà s’atteler à la tâche.