Alors que la commission électorale n'a encore communiqué aucun résultat, Ali Ben Bongo, Pierre Mamboundou et André Mba Obame revendiquent la victoire, au lendemain d'un scrutin marqué par une très forte participation.
Alors que les résultats de l’élection présidentielle du Gabon, qui s’est déroulée hier avec 18 candidats en lice, ne devraient pas être connus avant mercredi, les trois favoris revendiquent déjà la victoire : le fils Bongo, Ali Ben, l’opposant Pierre Mamboundou, et l’ancien ministre de l’Intérieur André Mba Obame.
Dimanche soir, l’opposant historique Pierre Mamboundou, candidat de l’Union du peuple gabonais (UPG), affirme l'avoir emporté, avançant même qu’il arrive en tête dans la plupart des grandes villes du pays, notamment à Libreville, la capitale. Le Parti démocratique gabonais (PDG) déclare de son côté que son candidat, Ali Ben Bongo, est le "gagnant du scrutin", sans fournir de chiffres. Plus tard dans la nuit, l'ancien ministre de l'Intérieur André Mba Obame, "AMO", affirme, quant à lui, à l'AFP qu'il sera "proclamé président de la République" sur la foi de résultats recueillis par son équipe de campagne. Mais aucun chiffre n'a encore été communiqué, ni par la Commission électorale nationale, ni par le gouvernement.
Seule certitude : la participation a été élevée pour cette élection qui doit désigner le successeur d’Omar Bongo, mort le 8 juin dernier après avoir passé plus de 41 ans au pouvoir. De nombreuses files d’attente étaient visibles devant les bureaux de vote. Et pour cause : nombre d'entre eux ont tardé à ouvrir, à cause de l’absence de matériel électoral et de certains agents électoraux. Certains bureaux n'ont, ainsi, ouvert qu’à midi au lieu de 7 heures. Ce qui a pu faire dire à certains que cette désorganisation aurait été organisée pour décourager les électeurs…
Dans un quartier populaire de Libreville, un homme a failli être lynché : des électeurs l’accusaient de ne pas avoir le droit de voter parce qu’il est de nationalité ghanéenne. Un exemple symptomatique des accusations de fraude qui planent sur l’élection. En plein vote, dimanche en début d’après-midi, l’ancien Premier ministre Casimir Oyé Mba s’est d’ailleurs désisté, sans donner de consigne de vote, justifiant ainsi sa décision : "Le calamiteux processus électoral engagé n’annonce pas une élection propre et crédible." Il était pourtant l’un des favoris.
"La défaite du camp Bongo est probable"
Quelques heures après ce coup de théâtre, l’émetteur de la télévision privée TV+, qui appartient à Obame, était coupé. "Nous attribuons [la responsabilité de] cette coupure au camp d’Ali Bongo. […] C’est une manœuvre d’intimidation", accuse Franck Nguema, le PDG de TV+.
Le fils Bongo serait-il aux abois ? Donné grand favori, son élection ne semble plus si assurée que ça. Pour Paul Simon Hardy, directeur du programme d’analyse de la sécurité en Afrique, "le camp Bongo semblait être confiant […]. Mais à la fin de la campagne, on l'a vu paniqué, avec notamment la fermeture de l’antenne du candidat Mba Obame. Et le vote massif indique que sa défaite est probable". Le désistement, vendredi, de cinq candidats en faveur d’Obame pourrait d’ailleurs compliquer la tâche d’Ali Bongo.
Les frontières maritimes et terrestres du pays resteront fermées jusqu’à jeudi minuit. Des militaires et des policiers anti-émeutes ont par ailleurs été déployés aux points névralgiques de Libreville. La confusion qui règne dans le pays fait, en effet, craindre aux observateurs des troubles post-électoraux. Dans le système électoral à un tour du Gabon, le candidat qui obtient le plus de voix est déclaré vainqueur, même s’il ne réunit pas la majorité absolue. La présidente intérimaire, Rose Francine Rogombé, a d’ailleurs exhorté, dimanche, les candidats à "accepter le succès comme la défaite".