Plusieurs centrales syndicales ont manifesté mardi pour réclamer un tournant dans la politique sociale d'Emmanuel Macron, alors que les propositions de réformes pour répondre à la crise des Gilets jaunes sont attendues prochainement.
Trois jours après les violences survenues en marge du rassemblement parisien des Gilets jaunes, la CGT et Force ouvrière (FO) ont tenté mardi 19 mars de faire entendre leurs revendications sur le pouvoir d'achat.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé un peu partout en France lors d'une journée d'action, marquée aussi par une grève bien suivie dans les écoles.
Hausse des salaires, revalorisation des retraites, défense des services publics, rejet de la réforme de la fonction publique et du projet de loi Blanquer sur l'école... Les mots d'ordre étaient multiples pour cette mobilisation qui cherchait à "amplifier le mouvement social", à laquelle ont également appelé Solidaires, la FSU (enseignants), l'Unef (étudiants) et l'UNL (lycéens). Éclipsés depuis quatre mois par le mouvement des Gilets jaunes et n'ayant pas participé au grand débat national initié par l'exécutif, les syndicats espèrent ainsi revenir au premier plan par les manifestations et les grèves.
Des réponses attendues après le grand débat
À Paris, 17 500 personnes ont manifesté du boulevard Saint-Michel jusqu'au Champ-de-Mars, selon un comptage pour un collectif de médias réalisé par le cabinet Occurrence. La CGT a recensé 50 000 personnes et la police 12 000.
"Le grand débat semble-t-il est terminé maintenant, il faut des réponses en matière de salaires, de retraite, de justice fiscale, de services publics", a déclaré le numéro un de la CGT, Philippe Martinez. "On ne s'adresse pas seulement au gouvernement, on s'adresse également au patronat. Il faut ouvrir de vraies négociations sur le pouvoir d'achat", a renchéri son homologue de FO, Yves Veyrier. Lors de la dernière journée de mobilisation le 5 février, le ministère de l'Intérieur avait recensé 137 200 manifestants et la CGT près de 300 000. Des militants FO étaient présents mais pas la confédération.
Comme les fois précédentes, la CFDT, qui a fait le choix de participer au grand débat en y versant son "pacte du pouvoir de vivre", ne s'est pas associée à cette journée "dont on ne sait pas vraiment quel est le mot d'ordre", selon Laurent Berger, son numéro un.
Grève suivie dans le primaire
Point commun à tous ces défilés, la présence de très nombreux enseignants du primaire venus protester contre le projet de loi Blanquer sur "l'école de la confiance" voté en février en première lecture à l'Assemblée. La grève dans les écoles maternelles et élémentaires était suivie par près d'un quart des enseignants, selon le ministère de l'Éducation. Le principal syndicat du primaire a recensé 40 % de grévistes.
Parmi les critiques contre ce texte, l'instruction obligatoire à 3 ans sans moyens supplémentaires selon eux, les évaluations au primaire ou le fait que les écoles seraient placées sous l'autorité d'un principal de collège. Autre facteur de mobilisation, le projet de réforme de la fonction publique. Il prévoit un recours accru aux contractuels, une plus grande individualisation de la rémunération, ainsi que des mesures pour "favoriser la mobilité" des agents, qui s'inscrivent dans l'objectif de réduction des effectifs de 120 000 postes d'ici à 2022.
Avec AFP