Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées, mardi, à travers la France pour protester contre la multiplication des actes antisémites, illustrée le jour-même par la découverte de 96 tombes juives profanées dans un cimetière alsacien.
En plein émoi soulevé par plusieurs actes antisémites, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées, mardi 19 février, dans 70 villes de France. Place de la République, à Paris, 20 000 personnes étaient réunies, selon le Parti socialiste (PS), brandissant ici ou là des pancartes "Ça suffit" - le mot d'ordre du rassemblement -, "non à la banalisation de la haine".
Une cinquantaine de partis, associations, mouvements avaient appelé à faire front commun contre l'antisémitisme, à l'initiative du premier secrétaire du PS, Olivier Faure.
Le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, ainsi que de nombreux représentants politiques étaient présents, place de la République. Parmi eux, les anciens présidents de la République François Hollande et Nicolas Sarkozy, le président de LR Laurent Wauquiez ou le délégué général de La République en marche Stanislas Guerini.
Le président de la République, Emmanuel Macron, qui a vivement dénoncé les actes antisémites et qui s'exprimera mercredi soir au dîner du Crif, ne participait pas au rassemblement organisé à Paris. Le chef de l’État s'est en revanche rendu au Mémorial de la Shoah et dans un cimetière juif profané en Alsace.
L’appel s’adresse à tous les Français. J’ai voulu cette initiative parce que l’antisémitisme est un combat que doivent porter tous les Français. Ce n’est pas l’affaire de Juifs, c’est l’affaire de toute la Nation #RTLMatin #CaSuffit
Olivier Faure (@faureolivier) 18 février 2019Le RN a dénoncé "une manifestation-instrumentalisation".
Parmi les grandes formations politiques, seul le Rassemblement national (RN), qui n'avait pas été convié, manquait à l'appel lancé la semaine dernière. La présidente du parti, Marine Le Pen, s'est donc recueillie de son côté à Bagneux (Hauts-de-Seine), devant une plaque en hommage à Ilan Halimi, jeune juif tué en 2006 après avoir été séquestré et torturé. Elle avait dénoncé dans la journée le fait que M. Faure ne l'ait pas invitée à signer l'appel.
Le premier secrétaire du PS s'était refusé à adresser son appel au RN, une formation d'extrême droite dont, selon lui, "toute l'histoire est liée justement à la question de l'antisémitisme et du racisme". Pour autant, Marine Le Pen était la "bienvenue" parmi les manifestants.
Des Gilets jaunes présents
RN excepté, tous les principaux partis avaient paraphé l'appel, y compris La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui ne figurait pas parmi les premiers signataires. Le chef de file a, lui, choisi de se rendre à un rassemblement à Marseille.
Des Gilets jaunes avaient également fait le déplacement, notamment Côme Dunis et Frédéric Mestdjian, de la liste "Ralliement d'initiative citoyenne", souhaitant démentir par leur présence le fait que le mouvement soit gangréné par l'antisémitisme.
Les faits antisémites ont augmenté de 74 % l'an dernier, passant de 311 en 2017 à 541 en 2018, après deux années de baisse, selon le ministère de l'Intérieur.
Les injures dont a fait l'objet le philosophe Alain Finkielkraut, qualifié notamment de "sale sioniste de m..." en marge d'un cortège du 14e acte des Gilets jaunes ont donné un relief supplémentaire à ces chiffres.
Avec Reuters et AFP