Le député UMP Bruno Le Maire a été nommé secrétaire d'État aux Affaires européennes, prenant la place de Jean-Pierre Jouyet. Cette désignation est la deuxième d'une série de remaniements au sein du gouvernement français.
REUTERS - La nomination vendredi par Nicolas Sarkozy d'un nouveau secrétaire d'Etat aux Affaires européennes est le deuxième d'une série de remaniements au sein du gouvernement français, dont l'essentiel est encore à venir.
Le député UMP Bruno Le Maire, qui fut directeur de cabinet de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, remplace Jean-Pierre Jouyet, qui quitte ses fonctions pour prendre la tête de l'Autorité des marchés financiers (AMF).
La semaine dernière, le président de la République avait nommé Patrick Devedjian au poste de ministre de la Relance, spécialement créé pour lui permettre de quitter par le haut ses fonctions de secétaire général de l'UMP.
"On a fait le choix d'un homme jeune, talentueux, compétent, profondément européen", a déclaré le président français à propos de Bruno Le Maire, lors d'une conférence de presse à l'issue du Conseil européen de Bruxelles.
Nicolas Sarkozy a adressé au passage un clin d'oeil aux derniers partisans de Dominique de Villepin et de l'ancien président Jacques Chirac, très critiques à son égard.
"J'espère que chacun comprend que, dans mon esprit, c'est aussi une façon de dire à la majorité que (quiconque) veut apporter sa pierre à l'oeuvre de réforme que nous engageons en France est le bienvenu", a-t-il dit.
"Je ne peux pas être un homme d'ouverture vis-à-vis d'une partie de la gauche et ne pas être d'une même ouverture vis-à-vis de l'ensemble des sensibilités de ma propre famille politique, personne ne le comprendrait", a-t-il ajouté.
Une ouverture que contestent les "chiraco-villepinistes", qui renvendiquent une vingtaine de députés mais ne considèrent plus depuis longtemps Bruno Le Maire comme un des leurs.
Cette nomination ne change ni "notre appréciation de la situation politique" ni "l'équilibre politique du gouvernement", dit l'un de ces députés. "Ce n'est pas un message d'ouverture."
Jean-Pierre Jouyet, personnalité venue de la mouvance socialiste, a pour sa part été au cours des 18 derniers mois un des symboles de l'ouverture à gauche affichée par Nicolas Sarkozy après son élection en mai 2007.
Baptême du feu
"Je veux dire (...) combien on va regretter Jean-Pierre Jouyet", a dit le chef de l'Etat. "Même s'il va prendre des responsabilités, on continuera de travailler ensemble."
Le nouveau président de l'AMF, qui prendra ses fonctions lundi, expliquait ces temps-ci qu'il ne souhaitait pas rester au gouvernement dans la phase plus politique qui va s'ouvre.
"Il fallait s'engager dans la campagne électorale pour les élections européennes (de juin 2009) et cela ne m'intéresse pas", confiait-il en privé. "Je n'ai pas l'âme d'un tribun, je ne suis pas un politique, je suis un technicien."
Jean-Pierre Jouyet aurait été intéressé par le poste de secrétaire général d'une présidence européenne stable, si la mise en place des nouvelles institutions européennes n'avait pas été retardée par le "non" irlandais au traité de Lisbonne.
"Je n'ai pas renoncé aux engagements et aux responsabilités européennes", déclarait-il cependant récemment.
Bruno Le Maire prendra pour sa part ses fonctions samedi à 10h30, indique-t-on de source gouvernementale française.
Il connaîtra son baptême du feu dès la semaine prochaine au Parlement européen à Strasbourg, où il accompagnera mardi Nicolas Sarkozy et assistera au débat et au vote du paquet "énergie-climat" adopté vendredi par le Conseil européen.
D'autres "ajustements techniques", selon la formule de l'Elysée, sont attendus en janvier, notamment pour tenir compte du remplacement de Patrick Devedjian par le ministre du Travail Xavier Bertrand à la tête de l'UMP et, éventuellement, de la maternité de la ministre de la Justice Rachida Dati.
D'autres ministres, désireux d'être candidats aux élections européennes - on parle notamment du ministre de l'Agriculture Michel Barnier, que Nicolas Sarkozy veut envoyer à la Commission européenne pour y prendre le portefeuille du Marché intérieur - devront également être remplacés.
Ces ajustements interviendraient cependant plus tard, selon un ministre proche du président. "Pour le reste, l'intention de Nicolas Sarkozy est plutôt d'attendre les européennes pour un mouvement plus important qui pourrait concerner le Premier ministre", a déclaré ce ministre à Reuters.
Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a confirmé mercredi que, pour Nicolas Sarkozy, un remaniement devait correspondre à un "nouveau temps politique" et que janvier serait consacré à la réorganisation de l'UMP.