
"Gilets jaunes dans la rue et samedi on continue !" : des grèves et des manifestations se déroulent mardi partout en France à l'appel de la CGT, mais aussi pour la première fois de représentants du mouvement né en novembre.
Jusqu'à présent, ils regardaient les syndicats avec méfiance. Mais les Gilets jaunes ont décidé de répondre à l'appel à la grève de la CGT pour dénoncer la politique de l'exécutif. Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans les rues de Paris, mardi 5 février, entre les places de l'Hôtel de Ville et de la Concorde.
"Il y a beaucoup de Gilets jaunes et c'est plutôt une bonne chose. Les revendications communes, on les a, elles sont sociales. À part la couleur des gilets, je ne vois pas beaucoup de différences", a ajouté le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Le secrétaire général a également appelé à "organiser des débats dans les entreprises", car il "trouve que le patronat est ménagé" depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. En novembre pourtant, il avait refusé tout lien avec le mouvement des "gilets jaunes" à cause de son discours anti-fiscal et des risques de récupération par l'extrême droite. Il a révisé son discours lorsque les revendications des Gilets jaunes se sont élargies à la hausse du Smic, la "justice fiscale" ou davantage de services publics.
Nombreuses revendications
À Paris, il y avait 30 000 personnes selon la CGT, 18 000 selon la préfecture de police, 14 000 selon le cabinet Occurrence, mandaté par un collectif de médias. Lors de son dernier cortège dans la capitale le 14 décembre, la CGT avait plus faiblement mobilisé: 15 000 manifestants selon elle, 6 000 pour la police.
Dans les cortèges, les revendications étaient nombreuses : hausse des salaires, justice fiscale, opposition à la réforme du lycée ou à l'augmentation des frais d'inscription des étudiants étrangers, droit de manifester ou défense du service public.
À Marseille, 5 200 personnes, selon la police, ont manifesté entre le Vieux-Port et la gare Saint-Charles. Si la CGT dominait très largement, plusieurs centaines de Gilets jaunes étaient présents en milieu de cortège.
"Nos revendications sont identiques. Il faut être tous ensemble", témoignait Brigitte, retraitée qui perçoit une pension de 680 euros. Elle a rejoint les Gilets jaunes à Fos-sur-Mer. "Il arrive un moment où toutes les luttes se rejoignent. Sans convergence avec les partis et les syndicats, on n'arrivera à rien", estime-t-elle.
À Lyon, parmi les 4 300 manifestants selon la préfecture, environ 500 Gilets jaunes. "Cela fait trois mois qu'on est dehors et il faut aller plus loin alors on fait un pas : les syndicats ont appelé, on est là, maintenant on verra quand on appellera s'ils répondent", constate l'un d'eux, Fabrice.
Parmi les autres cortèges en régions, on recensait selon la police environ 8 500 personnes à Toulouse, 2 500 à Caen, 2 300 à Lille et Clermont-Ferrand, 2 200 au Havre, 1 500 à Strasbourg, 1 400 à Nîmes, 1 300 à Tours, 500 à Rennes...
Dans l'ensemble, les manifestations se sont déroulées dans le calme même si à Bordeaux quelques poubelles ont été incendiées et des boutiques taguées.
Des préavis de grève avaient été déposés dans la fonction publique, à la RATP, à la SNCF ou Radio France. Selon le ministère de l'Éducation nationale, environ 5% des enseignants étaient en grève.
La CGT prévoit une nouvelle journée nationale à la mi-mars.
Avec AFP