
Rolando Rodriguez, fixeur des deux journalistes français de l'émission Quotidien arrêtés au Venezuela et relâchés jeudi, raconte à France 24 raconte leur arrestation et les conditions de détention.
Au Venezuela, le gouvernement de Nicolas Maduro n'hésite désormais plus à mettre la pression sur la presse étrangère. Une vague d'arrestations a touché deux journalistes de l'émission Quotidien diffusée sur la chaîne française TMC, Pierre Caillé et Baptiste des Monstiers, ainsi que des reporters de l'agence de presse espagnol EFE en début de semaine.
Rolando Rodriguez étaient aux côtés des deux journalistes lors de leur arrestation. Il faisait office de "fixeur", un contact local visant à faciliter le travail des deux reporters débarquant sur le terrain. Pierre Caillé et Baptiste des Monstiers avaient été dépêchés au Venezuela par l'émission de TMC pour couvrir la crise politique qui oppose le président Nicolas Maduro au président autoproclamé Juan Guaido.
#Venezuela Deux journalistes français du Quotidien et leur producteur local ont été arrêtés hier, mardi 30 janvier, à Caracas. Ils sont toujours en détention. Toutes les équipes RSF_Inter sont mobilisées et suivent l'évolution de la situation au plus près. https://t.co/yT0QqhvK08
RSF (@RSF_inter) 30 janvier 2019Selon Rolando Rodriguez, ce sont les précédents reportages des deux reporters, en Syrie ou en Egypte notamment, qui ont attiré l'attention du pouvoir vénézuélien. Les trois hommes ont été arrêtés alors qu'ils filmaient le palais présidentiel du Miraflores. Le pouvoir évoque l'absence de visa journalistique pour justifier l'arrestation.
"Nous avons vu des agents du Sebin [les services de renseignement vénézuéliens,ndlr] arriver. Nous sommes restés assis neuf heures sur une chaise. On a compris qu'ils allaient nous arrêter. Ils nous ont passé les menottes et nous ont emmenés à l'Hélicoide." raconte Rolando Rodriguez à France 24.
Détenus à l'Hélicoide
L'Hélicoïde, joyau architectural en spirale, est l'une des prisons les plus redoutées du pays. C'est là que le Sebin emmène ses prisonniers, notamment politiques. Plusieurs rapports font état de torture au sein du bâtiment. Rolando Rodriguez décrit les conditions dans lesquelles les trois hommes ont été enfermés puis interrogés séparément.
"Ils m'ont enfermé dans une cellule toute petite, pas plus de deux mètres sur trois, que je devais partager avec d'autres détenus. Ils ne m'ont pas laissé appeler ma famille. J'y suis resté 48 heures. Je ne sortais que pour aller aux toilettes", détaille le "fixeur" vénézuelien. "On nous donnait à manger mais c'est indigne qu'on ne nous ait pas laissé appeler nos familles. J'avais l'impression d'être séquestré sans aucune possibilité de recours légal."
Très heureux de retrouver nos compatriotes @piercaille @BdesMonstiers journalistes pour @Qofficiel soulagés et un peu fatigués. Ils vont bien et vont quitter le Vénézuéla dans quelques heures. Merci à tous ceux qui se sont mobilisés pour eux. @afpfr @EmbaFrancia @JY_LeDrian pic.twitter.com/pU87gee29P
Romain Nadal (@NadalDiplo) 31 janvier 2019Les trois hommes ont finalement été relâchés. Pierre Caillé et Baptiste des Monstiers, "soulagés et un peu fatigués", ont quitté le Venezuela dans la foulée.
Par ailleurs, trois journalistes de l'agence espagnole EFE –un reporter espagnol, une vidéaste colombienne et un photographe colombien– avaient également été arrêtés mercredi, tout comme deux journalistes chiliens expulsés le même jour.