Alors que le Gabon s'apprête à élire le successeur d'Omar Bongo Ondimba, tous les regards sont braqués sur son fils, Ali Ben, candidat du parti au pouvoir. Portrait d'un homme considéré par beaucoup comme le favori du scrutin...
"Il n'y a pas de dauphin ! Qui dit que la succession est ouverte ?", protestait Omar Bongo Ondimba, 69 ans, au lendemain de l’élection présidentielle de 2005 au cours de laquelle il avait été réélu pour la sixième fois consécutive à la tête de son pays. Le 8 juin 2009, le "doyen des chefs d’État africains" s’est éteint, laissant pour la première fois depuis plus de quarante ans aux Gabonais la possibilité d’envisager l’avenir du pays sans lui.
Alors que la présidentielle du 30 août se profile, la dynastie Bongo Ondimba semble toutefois avoir encore de beaux jours devant elle au Palais du bord de mer. L’aîné de la fratrie, Ali Ben, fait figure de favori parmi les 23 candidats en lice pour le scrutin, qui ne se déroulera qu’en un seul tour. Après le décès du patriarche, Pascaline, l’une de ses filles dont il fut très proche – elle a été sa directrice de cabinet – a renoncé à ses ambitions présidentielles, à l’instar de son mari, Paul Toungui, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères après avoir été en poste aux ministères des Mines et des Finances.
Si Ali Ben Bongo est loin d'avoir hérité du charisme de son père – il n’a pas sa maîtrise des dialectes locaux, ni sa capacité à se montrer proche du peuple – "Papa Bongo" lui a cependant tout appris des us et coutumes en vigueur au sommet de l’État.
En 1989, alors qu’il n’a que 30 ans, Ali est ainsi nommé ministre des Affaires étrangères. Certes, sa première expérience gouvernementale ne dure alors que deux ans : l’introduction dans la Constitution d’un amendement imposant aux ministres d’être âgés d’au moins 35 ans l’oblige à démissionner. Mais le jeune loup a pris date. En 1999, pour son quarantième anniversaire, "Baby Zeus", comme on le surnomme, reçoit en cadeau le stratégique ministère de la Défense, qu’il n’a plus quitté jusqu'au 14 août dernier, s’attachant la fidélité des militaires en leur offrant régulièrement voitures de luxe et beaux uniformes.
En 2008, l’apparition, en France, de son nom dans l’affaire dite des "biens mal acquis" parce qu’il possède un appartement avenue Foch, à Paris, et deux Ferrari, ne remet absolument pas en cause ses ambitions. Sans surprise, Ali est désigné, en juillet dernier, candidat officiel du Parti démocratique gabonais (PDG), la toute puissante formation politique fondée par son défunt père, pour la présidentielle du 30 août. Largement favori, Ali Ben Bongo l’est d’autant plus que l’opposition peine à s’unir autour d’une candidature unique.