L'idée de prolonger le calendrier du Brexit de neuf mois, et de repousser la date du divorce avec l'UE au 31 décembre fait son chemin à la Chambre des communes. Theresa May, qui s'efforce d'éviter un "no deal", estime qu'un report ne "résout rien".
L'initiative lancée par des parlementaires britanniques pour éviter un Brexit sans accord s'est renforcée, mercredi 23 janvier. Un des principaux dirigeants du Parti travailliste a indiqué qu'il était "hautement probable" que la principale formation de l'opposition l'appuie. La Chambre des communes doit voter de nouveau le 29 janvier sur plusieurs options formulées sous forme d'amendement par des élus.
L'amendement déposé par la députée travailliste Yvette Cooper, soutenu par plusieurs élus conservateurs, donnerait un délai supplémentaire à la Première ministre Theresa May, jusqu'au 26 février, pour faire ratifier un accord de Brexit par la Chambre des communes.
Passé cette date, et faute d'accord, le Parlement prendrait l'initiative en votant sur l'opportunité de demander à l'Union européenne un report de la mise en œuvre de l'article 50 du Traité européen, qui fixe pour l'heure au 29 mars prochain à 23h00 GMT la date du Brexit.
L'idée serait de prolonger le calendrier de neuf mois et de repousser la date du divorce au 31 décembre.
"Yvette Cooper a déposé un amendement que je trouve judicieux", a déclaré sur la BBC John McDonnell, chargé des Finances dans le "cabinet-fantôme" du Labour. Prié de dire si le parti le soutiendrait, le numéro deux du parti d'opposition a répondu que c'était "hautement probable".
Selon le Sun, ce soutien est même assuré. "Le Labour a informé des militants en campagne pour un second référendum qu'il soutient l'amendement Cooper-Boles", a écrit sur Twitter le rédacteur en chef adjoint du service politique du quotidien tabloïd, Steve Hawkes.
Après son cuisant échec de la semaine dernière, où l'accord de retrait qu'elle avait négocié avec Bruxelles a été rejeté par 432 voix contre 202 à la Chambre des communes, Theresa May s'efforce encore de sortir de l'impasse pour éviter un "no deal".
"Il faudra bien prendre une décision", dit May
Tenue de présenter un "plan B" après ce rejet massif, la dirigeante conservatrice s'est bornée lundi à déclarer aux parlementaires qu'elle chercherait à arracher de nouvelles concessions aux Européens tout en se montrant davantage à l'écoute des élus.
Elle a répété mercredi qu'à ses yeux, un report de la date du Brexit à l'initiative du Parlement ne résoudrait en rien la situation.
"Ce que nous voyons, ce sont des amendements qui visent à créer une situation dans laquelle l'article 50 serait prolongé. Cela ne résout pas le problème, il faudra bien prendre une décision à un moment ou un autre", a déclaré Theresa May devant le Parlement.
Les Européens n'ont de fait guère laissé de place à une renégociation : l'accord de retrait entériné fin novembre par les chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Sept "est le seul traité de divorce possible", a répété le négociateur en chef de la Commission, Michel Barnier, dans une interview accordée au quotidien français Le Monde.
Michel Barnier réaffirme que les Européens sont prêts à retravailler la "déclaration politique" qui accompagne l'accord de retrait et fixe le cadre des futures relations entre Londres et l'UE après la période de transition.
"Si j'écoute bien les débats outre-Manche, il y a une volonté de trouver un chemin. Mais si le gouvernement et les députés britanniques ne bougent pas leurs lignes, nous allons arriver mécaniquement au 'no deal'", prévient-il.
Avec Reuters