
Le sommet arabe pour le développement économique et social s’ouvre dimanche à Beyrouth. Mais plusieurs dirigeants arabes ont décidé de le boycotter en raison de divergences sur la question syrienne.
Faut-il réintégrer la Syrie au sein de la Ligue arabe ? Cette question devait être étudiée lors du sommet arabe pour le développement économique et social, qui s’ouvre dimanche 20 janvier au Liban. Sauf que l’évènement n'a pas fait recette auprès des dirigeants arabes, qui ont dans une immense majorité décidé de ne pas faire le déplacement à Beyrouth où la question syrienne continue de diviser.
A l'origine, huit chefs d'État devaient être présents dans la capitale libanaise mais seuls deux d'entre eux – les présidents de la Mauritanie et de la Somalie – flanqueront leur homologue libanais Michel Aoun, a-t-on appris vendredi de source au sein du comité d'organisation.
Les pays arabes demeurent particulièrement divisés par les guerres en Syrie et au Yémen ou sur le conflit diplomatique entre le Qatar et ses voisins du Golfe. Dans ce contexte, l'une des grandes questions du sommet de Beyrouth devrait être celle d'une réintégration de la Syrie dans le jeu diplomatique régional, sept ans après son exclusion de la Ligue arabe.
Le ministre libanais des Affaires étrangères par intérim, Gebran Bassil, a plaidé en ce sens vendredi lors d'une réunion préparatoire du sommet. "La Syrie devrait revenir vers nous... Nous devrions prendre la Syrie dans nos bras plutôt que la jeter dans les bras du terrorisme", a-t-il dit. Le voeu d’une réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe a aussi été formulé par l’Irak. Mais l'Arabie saoudite, poids lourd régional opposé à Damas, semble encore réticente à une normalisation avec la Syrie.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, l'Égyptien Ahmed Aboul Gheit, a déclaré à la presse qu'il n'y avait à ce jour "aucun accord entre les pays arabes sur la réintégration de la Syrie". "Quand il y aura un consensus arabe et qu'on sera sûr qu'il n'y aucune objection [...] il n'y aura rien de plus simple que de mettre la question à l'ordre du jour d'une réunion" des ministres des Affaires étrangères, a-t-il souligné.
Pour rappel, le siège de la Syrie à la Ligue arabe avait été gelé fin 2011 en réaction à la répression meurtrière lancée par le régime de Bachar al-Assad contre des manifestations pro-démocratie, à l'origine du conflit qui a fait plus de 360 000 morts.
Retour en grâce ?
Pourtant Bachar al-Assad n’a jamais aussi été proche d’un retour en grâce sur la scène diplomatique. Après les succès militaires qui lui ont permis de reprendre le contrôle d’une très grande partie du territoire syrien, le régime a multiplié les petites victoires. Ces dernières semaines, des signes d’ouverture en direction de Damas se sont multipliés.
Le 27 décembre, les Émirats arabes unis, un des parrains avec l’Arabie saoudite et le Qatar des opposants syriens, a rouvert son ambassade à Damas après avoir coupé en 2012 leurs relations diplomatiques avec le régime. Même démarche du côté du Bahreïn qui a également annoncé son intention de rouvrir son ambassade dans la capitale syrienne. Déjà le 16 décembre, le président soudanais Omar el-Béchir avait effectué une visite surprise à Damas pour rencontrer Bachar al-Assad. Il s'agissait de la première visite d'un chef d'État arabe dans la capitale syrienne depuis 2011.
La guerre civile en Syrie a directement opposé certains pays de la région et exacerbé les tensions au Liban entre alliés du président Bachar al-Assad, en premier lieu le Hezbollah chiite, et mouvements davantage favorables aux rebelles majoritairement sunnites.
Le sommet arabe pour le développement économique et social fait traditionnellement moins recette que le sommet de la Ligue arabe, qui se tiendra en mars en Tunisie. Le dernier en date, en 2013 en Arabie saoudite, avait néanmoins attiré de nombreux chefs d'État.
Un consensus sera peut-être trouvé à Tunis entre les différents dirigeants arabes pour un grand retour de la Syrie au sein de l’organisation panarabe. L’ouverture fin décembre d’un vol commercial d’une compagnie aérienne privée syrienne sur la capitale tunisienne, une première depuis 2011, semble en être un signe.
Avec AFP et Reuters