L'interpellation, mardi, en France, de quatre joueurs de tennis dans le cadre d'une enquête instruite en Belgique sur des matches arrangés met en lumière un problème de fond touchant les tournois à la frontière entre pros et amateurs.
Quatre joueurs de tennis qui avaient été interpellés, en France, dans le cadre d'une enquête instruite en Belgique sur une affaire de paris truqués, ont été remis en liberté, mercredi 16 janvier, à l'issue de leur garde à vue.
Deux des joueurs, deux Français de 21 et 25 ans, avaient été interpellés, mardi matin, dans la ville de Bressuire, dans les Deux-Sèvres, où ils devaient participer au tournoi "Futures". Ils sont soupçonnés d'avoir perçu "de l'argent en échange de la perte d'un set" sur certains tournois entre 2015 et 2018, selon L' É quipe. Ces interpellations ont eu lieu dans le cadre "d'une enquête internationale lancée depuis la Belgique", a expliqué à l'AFP Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral belge. Elle "vise une bande internationale, qui agit dans de nombreux pays européens, dont la France et les É tats-Unis", a-t-il ajouté.
Selon une source proche de l'enquête, deux autres joueurs interpellés ailleurs en France, ont également été remis en liberté, mercredi après-midi, à l'issue de leur garde à vue.
Un premier volet de l'enquête concerne "des matches manipulés", avec "des joueurs approchés et manipulables", et un second "des paris truqués" liés à ces matches. "Les chefs du réseau étaient en Belgique", a précisé Eric Van Duyse, pays où ont été entendues six personnes, "dont une est encore sous mandat d'arrêt". Selon L' É quipe, ce réseau "serait parvenu à corrompre des dizaines de compétiteurs de toutes nationalités à travers le monde, dont un important contingent français".
À sa tête, un certain Grigor S. domicilié en Belgique mais d'origine arménienne, interpellé en juin dernier, d'après le quotidien sportif et mis en examen pour "corruption", "blanchiment d'argent", "faux en écriture", "appartenance à une organisation criminelle" et "infraction à la législation sur les jeux de hasard".
Des "court-siders" qui transmettent en direct des infos à l'étranger
Une affaire qui illustre le problème qui gangrène le tennis "d'en bas" depuis plusieurs années. Dans les tournois à la frontière entre pros et amateurs gérés par des bénévoles et où les gains avoisinent les 1 500 euros pour le vainqueur, gravitent de jeunes espoirs, et d'anciens joueurs qui n'ont jamais percé au plus haut niveau mondial. Le niveau moyen se situe entre la 250e et 500e place mondiale, proche de celui des qualifications pour un Grand Chelem.
Dans la plupart de ces tournois, de plus en plus de ce qu'on appelle des "court-siders" pullulent sur les gradins. Souvent étrangers, ils profitent d'une réglementation surréaliste et de failles informatiques pour transmettre en direct des infos à l'étranger pour des parieurs intéressés par des matches en France. Car depuis la France, il est interdit de parier sur ces tournois.
"Ils sont sur leur portable tout le temps et envoient des infos", explique Alain Moreau, vice-président de la Fédération française de tennis (FFT). "On met en place des règlements intérieurs limitant l'usage du portable sur les courts, on a instauré les badges pour ces tournois, avec des espaces réservés aux joueurs pour ne pas qu'ils puissent être approchés ou harcelés", poursuit-il. Selon lui, "depuis le début de la semaine on en a repéré et on en a viré sept, mais bon, ils reviennent, on ne peut pas leur interdire".
Avec AFP