La jeune Saoudienne qui était bloquée en Thaïlande après avoir fui sa famille est arrivée à l'aéroport de Toronto samedi. Le Canada a annoncé lui avoir accordé l'asile.
La jeune Saoudienne qui avait fui sa famille, est arrivée samedi 12 janvier après-midi à Toronto. Elle a été accueillie à l'aéroport par la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.
La veille, le Canada avait répondu favorablement à la demande de Rahaf Mohammed al-Qunun en lui accordant l'asile. Elle était déjà en route depuis la Thaïlande où elle s'était réfugiée, quand le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a fait cette annonce.
"Nous lui avons accordé l'asile. Nous sommes ravis de le faire, car le Canada est un pays qui mesure à quel point il est important de défendre les droits de la personne et des femmes à travers le monde. Et je peux confirmer que nous avons accepté la demande de l'ONU", a déclaré à la presse le Premier ministre, peu de temps après que les autorités thaïlandaises eurent annoncé le départ de la jeune Saoudienne pour le Canada.
Cette annonce vient clore une affaire qui durait depuis une semaine et que la jeune femme de 18 ans avait elle-même rendue publique en créant à la hâte un compte Twitter. En voyage au Koweït avec sa famille, Rahaf Mohammed al-Qunun avait décidé de fuir ses parents le week-end dernier en prenant un avion pour Bangkok, où elle avait été arrêtée. Elle affirme vouloir fuir les abus psychologiques et physiques de sa famille.
Après avoir médiatisé son cas, Rahaf Mohammed al-Qunun avait été placée sous la protection du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU en Thaïlande et une demande d'asile avait été adressée à plusieurs pays, dont l'Australie dans un premier temps.
In a matter of hours Rahaf al-Qunun will land in Canada as a resettled refugee.
???????? Our latest announcement: https://t.co/V7bE8NV4Xz pic.twitter.com/mt97PpiQXw
À couteaux tirés au sujet des droits de l'Homme, la décision canadienne risque d'aviver les tensions entre les deux pays. L'Arabie saoudite avait annoncé en août l'expulsion de l'ambassadeur du Canada, rappelé le sien et gelé tout nouveau commerce ou investissement avec le Canada. Ottawa avait dénoncé l'arrestation de militants saoudiens des droits humains, dont Samar Badaoui, sœur du blogueur emprisonné Raif Badawi, dont la femme et les trois enfants vivent réfugiés au Québec.
"La demande formelle (d'asile) a été transmise par l'ONU au Canada, nous respectons nos engagements envers l'ONU. Le pays d'origine (Arabie saoudite, ndlr) n'intervient pas dans le processus", a simplement indiqué un responsable gouvernemental canadien ayant requis l'anonymat.
"Actions rapides"
Ensaf Haidar, épouse de Raif Badawi, a tenu pour sa part à souligner le rôle joué par la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, dans l'accueil de la jeune Saoudienne au Canada. "Elle est la véritable héroïne qui a empêché son renvoi de la Thaïlande vers le Koweït", a-t-elle tweeté.
We all should thank Canadian Foreign Minister Ms. @cafreeland because she is the real hero behind stopping @rahaf84427714 from departing Thailand to Kuwait!
Thank you @cafreeland ????
La Thaïlande avait dans un premier temps l'intention de la renvoyer dans son pays à la demande des autorités saoudiennes. Mais la jeune femme s'était barricadée dans une chambre d'hôtel de l'aéroport, postant sur Twitter une multitude de messages et de vidéos désespérés et accédant immédiatement à une notoriété internationale.
Elle avait aussi affirmé à l'ONG Human Rights Watch qu'elle souhaitait renoncer à l'islam, ce qui la met "sérieusement en danger", souligne l'ONG.
À la suite d'une mobilisation en sa faveur sur les réseaux sociaux, les autorités thaïlandaises, qui effectuent fréquemment des refoulements à la frontière, avaient renoncé à la renvoyer contre son gré et l'avaient laissée lundi quitter l'aéroport avec des représentants du HCR.
Vendredi, le HCR a salué les "actions rapides" des gouvernements de la Thaïlande et du Canada dans la dernière semaine qui, selon lui, se sont avérées "décisives dans la résolution de cette affaire".
Avec AFP