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Carlos Ghosn et Nissan à nouveau mis en examen au Japon

L'ancien président de Nissan, Carlos Ghosn, accusé de malversations financières, a été mis en examen vendredi de deux chefs d'accusation supplémentaires par le parquet de Tokyo. Il risque jusqu'à 15 ans de prison.

Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, en détention au Japon depuis son arrestation le 19 novembre, a fait l'objet, vendredi 11 janvier, de deux nouvelles mises en examen et risque une peine maximale de 15 ans de prison, a annoncé le tribunal de Tokyo.

Le parquet a décidé de poursuivre l'ancien président de Nissan pour abus de confiance aggravé pour avoir fait passer dans les comptes de Nissan des pertes sur des investissements personnels et pour avoir minoré ses revenus dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018.

"Je vais déposer une requête de libération sous caution", a annoncé dans un bref communiqué l'avocat principal de Carlos Ghosn, Motonari Otsuru.

Selon le parquet, l'abus de confiance est caractérisé par sa tentative de faire couvrir par Nissan "des pertes sur des investissements personnels" au moment de la crise financière d'octobre 2008. La somme incriminée s'élève à 1,85 milliard de yens (15 millions d'euros).

Pour résoudre ce problème financier, il aurait obtenu qu'un milliardaire saoudien, Khaled Juffali, se porte garant et lui aurait ultérieurement versé de l'argent issu de la "réserve du PDG". C'était pour services réellement rendus envers Nissan, argue Carlos Ghosn.

Plainte de Nissan contre Carlos Ghosn

Son bras droit Greg Kelly, relâché sous caution le 25 décembre, a aussi été inculpé pour avoir minoré ses revenus, tout comme le constructeur d'automobiles nippon pour sa responsabilité dans la dissimulation des revenus de Carlos Ghosn entre 2015 et 2018, a annoncé le tribunal de Tokyo.

Nissan, mis en cause en tant qu'entité morale ayant remis les rapports boursiers incriminés, avait déjà été inculpé le 10 décembre pour le même motif, mais sur les cinq années précédentes.

En réaction, le constructeur japonais a annoncé vendredi le dépôt auprès du tribunal de Tokyo d'une plainte au pénal contre son ancien président Carlos Ghosn après l'inculpation de ce dernier pour abus de confiance.

Nissan a pris cette initiative "sur la base du détournement d'une somme importante des fonds de l'entreprise". "Nissan ne tolère en aucune façon de tels méfaits et réclame de sévères sanctions", ajoute le constructeur dans un communiqué.

Une libération imminente semble peu probable

Outre ces nouvelles mises en examen, le parquet peut en théorie décider d'infliger à Carlos Ghosn un quatrième motif d'arrestation, alors que de nouvelles révélations sont apparues ces derniers jours dans les médias. Le chef d'entreprise serait alors replacé en garde à vue pour 48 heures, extensible deux fois dix jours à condition que le tribunal donne son approbation.

Dans tous les cas, sauf surprise, et ce dossier en a déjà réservé quelques-unes tant le suspect est atypique, une libération imminente semble peu probable, de l'avis même de l'équipe de défense, dont les précédentes demandes ont été retoquées.

Jeudi, l'état-major de Renault s'est réuni pour faire le point sur l'audit interne lancé fin novembre par l'entreprise. Aucune fraude n'a été constatée sur la rémunération des principaux dirigeants en 2017-2018, selon l'entreprise.

Mais la pression monte sur la direction du groupe français alors que les révélations de presse sur les supposés agissements de Carlos Ghosn continuent de pleuvoir, au sujet de sa résidence fiscale aux Pays-Bas, où la holding qui coiffe l'alliance est basée, ou encore sur des donations à des hommes d'affaires au Liban, à Oman et ailleurs, depuis les caisses de Nissan.

Avec AFP et Reuters