
L'Union européenne a infligé, mardi, des sanctions contre la "Direction pour la sécurité intérieure" du renseignement iranien et deux responsables de cette division, accusés d'avoir visé des dissidents aux Pays-Bas, au Danemark et en France.
L'Iran dans le viseur de Bruxelles. L'Union européenne (UE) a imposé, mardi 8 janvier, des sanctions aux services iraniens de renseignement et à deux de leurs responsables. Ces derniers sont accusés d'être impliqués dans une série de meurtres et de complots ayant visé des dissidents aux Pays-Bas, au Danemark et en France.
Prise à l'unanimité des États membres, cette décision intervient alors que La Haye a accusé pour la première fois mardi Téhéran d'être impliqué dans le meurtre de deux dissidents sur le sol néerlandais en 2015 et en 2017, ce qui avait conduit à l'expulsion de deux diplomates iraniens.
Les sanctions sont prises à l'encontre de la "Direction pour la sécurité intérieure" du renseignement iranien et de deux responsables de cette division, dont son chef Saeid Hashemi Moghadam, a indiqué le ministère danois des Affaires étrangères dans un communiqué. Leurs éventuels actifs dans l'UE ont été gelés.
Le Danemark accuse Téhéran
Le Danemark a accusé en octobre l'Iran d'avoir préparé un "attentat" contre trois Iraniens résidant dans le pays scandinave, membres présumés du Mouvement arabe de lutte pour la libération d'Ahvaz, tenu en partie responsable par Téhéran d'un attentat meurtrier dans le sud-ouest du pays. Depuis, Copenhague a cherché le soutien de ses alliés européens sur des sanctions communes tout en défendant l'accord international sur le nucléaire avec Téhéran.
Le ministère français des Affaires étrangères s'est félicité des mesures prises mardi par Bruxelles, jugeant les services de renseignement iraniens "responsables" de l'organisation du projet d'attentat déjoué le 30 juin 2018 à Villepinte, au nord de Paris, contre un rassemblement des Moudjahidine du peuple (MEK), opposition iranienne.
Le Conseil national de la résistance iranienne, entité proche des Moudjahidine du peuple, a salué "un pas positif et nécessaire", mais a mis en garde : "Le temps est venu que l'Union européenne adopte une position ferme et vigoureuse contre ces agissements criminels, en procédant notamment à l'expulsion des agents iraniens sur le sol européen."
Pas de lien avec l'accord nucléaire
Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a salué l'initiative européenne, la qualifiant de "message clair du fait que le terrorisme ne sera pas toléré". "Les États-Unis soutiennent avec vigueur les nouvelles sanctions et se tiennent aux côtés de nos alliés européens tandis que nous controns cette menace commune", a tweeté celui qui a fait de la pression sur l'Iran une priorité.
"Les Européens, y compris le Danemark, les Pays-Bas et la France, abritent le MEK... ainsi que d'autres terroristes organisant le meurtre d'Iraniens innocents d'Europe", a réagi le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif.
Toutefois, les mesures prises par l'UE mardi ne sont pas liées à l'accord nucléaire iranien, a souligné le gouvernement néerlandais. L'engagement de la France et de ses partenaires européens en faveur du dialogue avec l'Iran et de la préservation de l'accord sur le nucléaire iranien n'est pas remis en cause, tant que Téhéran s'acquittera à cet égard de ses obligations, a abondé Paris. "Néanmoins, l'Iran sera tenu pour responsable de toutes les questions qui touchent les intérêts de la sécurité européenne et internationale", a insisté La Haye.
Avec AFP