Sous pression du président et de l'opinion publique, le procureur général du Pérou a réintégré, mercredi, dans leurs fonctions les deux procureurs enquêtant sur le scandale Odebrecht. Il les avait destitués deux jours plus tôt.
Face à la pression, il a fini par céder. Le procureur général du Pérou, Pedro Gonzalez Chavarry, a réintégré dans leurs fonctions, mercredi 2 janvier, deux procureurs qui enquêtaient sur les affaires de corruption du groupe brésilien de BTP Odebrecht, a annoncé le ministère public. La destitution, deux jours plus tôt, de ces deux procureurs anti-corruption, très populaires, avait suscité une large indignation.
La décision "annule" la mise à l'écart de Rafael Vela et de Jose Domingo Perez, chargés également des dossiers de corruption présumée qui concernent quatre anciens présidents péruviens et la cheffe de l'opposition Keiko Fujimori.
Le revirement du procureur général est intervenu sous une forte pression de l'opinion publique, de la presse et du président péruvien Martin Vizcarra. Ce dernier s'est réjoui de la réintégration des deux procureurs. "Il est très bien qu'une décision qui a été mise en question soit corrigée", a-t-il déclaré.
Le procureur général lui-même accusé
Le procureur général a expliqué avoir décidé cette réintégration "en prenant en considération la portée et l'importance des investigations liées à des délits de corruption de fonctionnaires et autres dans lesquels serait impliquée l'entreprise Odebrecht".
Les deux magistrats désignés par Gonzalez Chavarry pour les remplacer ont refusé, mercredi, de prendre leurs fonctions, après les avoir acceptées lundi. L'un d'eux, Marcial Paucar, a expliqué leur décision par leur volonté "que les enquêtes ne soient pas compromises".
L'éviction des deux procureurs, décidée au nom d'une supposée violation du "principe de réserve" et d'un "manque de rigueur", était intervenue alors que fin décembre, José Domingo Perez avait lui-même accusé le procureur général Chavarry de dissimulation et d'obstruction concernant les enquêtes contre Odebrecht et contre Keiko Fujimori.
Manifestations prévues
L'équipe dirigée par le procureur Vela était chargée d'enquêter sur quatre anciens présidents péruviens. Alejandro Toledo (2001-2006) a fui aux États-Unis et fait l'objet d'une demande d'extradition. Ollanta Humala (2011-2016) a été emprisonné pendant neuf mois, jusqu'en juin. Alan Garcia (1985-1990 et 2006-2011) a tenté d'obtenir l'asile politique auprès de l'ambassade d'Uruguay, qui le lui a refusé. Et Pedro Pablo Kuczynski (2016-2018) a démissionné en mars.
L'opposante Keiko Fujimori, actuellement en détention préventive, est accusée d'avoir reçu des versements illégaux d'Odebrecht lors de sa campagne électorale de 2011.
De nouvelles manifestations doivent avoir lieu jeudi à Lima et dans d'autres villes du Pérou pour réclamer le départ du procureur général.
Avec AFP