
Emmanuel Macron s'adresse, lundi, aux Français à l'occasion du passage à la nouvelle année. Le président devrait dresser de nouvelles perspectives claires et utiliser des mots marquant l’"autorité" et le "rassemblement", affirme un proche.
Mais que va dire Emmanuel Macron lundi 31 décembre ? Le président va profiter du traditionnel exercice des vœux adressés aux Français pour tenter de reprendre le cap de son quinquennat.
Ce soir à 20 h 00, le président, selon un proche, doit tracer des perspectives à nouveau claires et utiliser des mots marquant l’"autorité" et le "rassemblement", avec le double défi d'apaiser les colères et de relancer son programme de réformes. Au même moment, des Gilets jaunes lui rappelleront leur force en se retrouvant aux Champs-Élysées, sous haute sécurité pour les festivités du Nouvel An.
L'allocution, que le président français prévoit d'enregistrer en fin d'après-midi, sera retransmise sur toutes les grandes chaînes de télévision. L'an dernier, ses vœux, très classiquement enregistrés à son bureau, avaient attiré 11,2 millions de téléspectateurs.
Plus de 23 millions de personnes avaient en revanche regardé son allocution du 10 décembre – un record pour une intervention politique –, lorsque, pressé par les revendications des Gilets jaunes, le chef de l'État a promis 10 milliards d'euros d'aides en faveur du pouvoir d'achat.
Convaincre des "Gaulois réfractaires"
Cette fois, plus question d'annonces. L'enjeu est de convaincre qu'il est capable de montrer davantage d'écoute et de bienveillance, lui dont certaines phrases cassantes cette année continuent à choquer une partie de l'opinion, du "pognon de dingue" aux "Gaulois réfractaires".
Macron s'est fait extrêmement discret en décembre, dans ses rares sorties comme dans les médias.
Les vœux à la nation, cette tradition républicaine qu'il a maintenue, lui donnent enfin l'opportunité de parler de l'avenir, des réformes annoncées pour 2019, qui restent sa priorité, en particulier celle des retraites et de la fonction publique, mais aussi des nouvelles initiatives, à commencer par ce "grand débat national" prévu de janvier à mars avec lequel l'exécutif espère apaiser la colère des Gilets jaunes.
Le président pourrait rappeler lundi soir les limites de cet exercice, comme il l'avait déjà fait le 10 décembre : pas question de rejouer la présidentielle de 2017 ni de "détricoter" ce que le gouvernement et le Parlement ont mis en place depuis 18 mois.
L'année 2019 et ses embûches
Ces lignes rouges ne sont pas sans risque. Faute de résultats concrets, le "grand débat" pourrait entraîner de nouvelles frustrations et contestations. Quant à l'opportunité de lancer des "référendums d'initiative citoyenne", réclamés par une partie des Gilets jaunes et par l'opposition, le président ne s'est pas encore prononcé.
Emmanuel Macron devra en tout cas retarder la réforme constitutionnelle – à laquelle il reste très attaché – jusqu'à la fin du grand débat.
Le début de l'année 2019 recèle d'autres embûches, comme la mise en place de la prime d'activité d'une centaine d'euros pour les petits salaires. L'effet de l'entrée en vigueur du prélèvement à la source, visible pour la première fois sur les feuilles de paie de fin janvier, est une autre inconnue. Enfin, le président affrontera, avec les élections européennes, le premier grand scrutin électoral de son mandat.
Au-delà, Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, a appelé dimanche le président à sortir de la crise par le haut en "refondant l'État" et en "rassemblant largement les grandes sensibilités démocratiques du pays".
Un rassemblement jaune "festif et non violent"
Une partie des Gilets jaunes, toujours mobilisés, compte se faire entendre juste au moment des vœux présidentiels : un appel est lancé sur Facebook pour un rassemblement "festif et non violent", sur les Champs-Élysées à 20 h 00, en vue du passage à la nouvelle année "qui sera riche de changements et de victoires". En tout, quelque 10 000 personnes annoncent vouloir répondre à deux appels différents.
La sécurité sera renforcée à Paris comme dans d'autres grandes villes où des appels ont été lancés, notamment sur le pont d'Aquitaine à Bordeaux.
Un périmètre de protection sera instauré dès 16 h 00 lundi autour des Champs-Élysées et de la place de l'Étoile, dans un contexte également marqué par le risque d'attentats.
Pour la Saint-Sylvestre 2017, près de 140 000 membres des forces de sécurité et de secours avaient été mobilisés sur l'ensemble du territoire.
Avec AFP