Après qu'Alexandre Benalla a affirmé avoir continué à échanger régulièrement avec le chef de l'Etat depuis son licenciement, l'Elysée l'a accusé d'entretenir pour se venger "tout un faisceau de contrevérités et d'approximations".
L'Élysée n'a pas tardé à répliquer aux propos tenus par Alexandre Benalla, l'ex-chargé de mission d'Emmanuel Macron. Celui-ci a affirmé, auprès de Mediapart, qu'il avait continué à échanger régulièrement avec le chef de l'État, via la messagerie Telegram, depuis son licenciement.
La présidence a accusé Alexandre Benalla d'entretenir pour se venger "tout un faisceau de contrevérités et d'approximations". "Nous ne souhaitons pas poursuivre un dialogue par presse interposée avec M. Benalla qui se venge de son licenciement pour faute grave en entretenant tout un faisceau de contrevérités et d'approximations", a déclaré l'Élysée, lundi 31 décembre.
Souhaitant en revenir "aux faits", le palais présidentiel a assuré de nouveau qu'Alexandre Benalla "n'a tenu l'Élysée au courant d'une partie de ses déplacements que le 20/12, c'est-à-dire après que des journalistes aient appris l'existence de son déplacement au Tchad."
Des propos "faux" et "fantaisistes"
À propos des passeports diplomatiques qu'une personne de l'Élysée aurait remis en octobre à Alexandre Benalla, selon les déclarations de l'ex-chargé de mission, l'Élysée a assuré n'avoir pas détenu ces documents et donc n'avoir pu les lui remettre, laissant entendre que l'ex-chargé de mission ne les avait jamais rendus.
"L'Élysée a procédé depuis son licenciement à toutes les diligences pour récupérer les passeports et autres titres de l'intéressé. Il revient à la justice de donner suite à l'éventuelle utilisation de ces passeports diplomatiques par Alexandre Benalla depuis son départ de l'Élysée, utilisation dont l'Élysée n'avait pas connaissance avant que la presse ne la révèle", a insisté le palais présidentiel.
Le ministère des Affaires étrangères a également dénoncé des propos "faux" et "fantaisistes". "Contrairement à ses allégations ou insinuations, M. Benalla, qui a fait des déclarations contradictoires ces derniers mois, n’a bénéficié d’aucune indulgence particulière de la part du Quai d’Orsay pour la détention et l’utilisation de ses passeports diplomatiques. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, en liaison permanente avec la Présidence de la République, a effectué plusieurs démarches pour obtenir que M. Benalla restitue ses passeports", peut-on lire dans un communiqué.
Le ministère des Affaires étrangères a saisi le procureur de la République qui a ouvert une enquête pour "usage sans droit" de passeports diplomatiques.
Alexandre Benalla, qui a récemment effectué plusieurs voyages en Afrique et rencontré des dirigeants, affirme aussi avoir toujours rendu compte au président ou à son entourage de ses faits et gestes. "J'explique que j'ai vu telle personne, je détaille les propos qui m'ont été rapportés et de quelle nature ils sont. Après, ils en font ce qu'ils veulent. Y compris le président de la République, qui est informé en direct", dit-il. L'Élysée avait pourtant insisté, il y a quelques jours, sur le fait qu'Alexandre Benalla n'était "pas un émissaire officiel ou officieux" de la présidence.
Benalla dit vouloir "du bien" à Macron
"Je suis un élément extérieur qui veut du bien au mec [Emmanuel Macron] qui lui a fait confiance", affirme Alexandre Benalla. "J'aurais pu claquer la porte et passer à autre chose. Mais on continue à me solliciter, alors je continue à répondre." "Cela dérange un certain nombre de personnes, qui sont puissantes et qui font comme si le président était sous curatelle. Ils lui font faire des conneries phénoménales", accuse l'ex-chargé de mission.
Il raconte enfin que début octobre, une personne de l'Élysée lui a rendu des effets personnels et ses passeports diplomatiques dans une rue près du Palais, avec pour seule consigne "tu ne fais pas de bêtises avec". "Si on ne veut pas que j'utilise ces passeports, il n'y a qu'à les désactiver et les inscrire à des fichiers", plaide-t-il, précisant les avoir utilisés pour entrer dans "une dizaine de pays" depuis l'automne.
"Quand vous voyagez à l'étranger avec un passeport diplomatique, l'ambassade de France est au courant que vous arrivez", assure-t-il.
Avec AFP