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Que faisait Alexandre Benalla au Tchad ?

Alexandre Benalla, l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, s’est rendu au Tchad début décembre, où il aurait rencontré le frère du président Déby, révèle Le Monde. Selon l’Élysée, il "n’est pas un émissaire officiel ou officieux" de la présidence.

Alexandre Benalla, l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron – mis en examen pour "violence volontaire" et, entre autres, "port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique" en marge des manifestations du 1er mai – n’a pas fini de faire parler de lui. Selon un article du Monde daté du lundi 24 décembre, qui cite des sources concordantes, celui-ci s'est rendu début décembre au Tchad pour un court séjour à N'Djamena. Il était accompagné "d'une demi-douzaine de personnes, par avion privé, réglant les frais par carte bleue", selon l'une de ces sources.

Le quotidien ajoute qu'Emmanuel Macron, qui s'est rendu à son tour au Tchad le 22 décembre, et le président tchadien Idriss Déby ont parlé ensemble de cette visite.

L’avocate d’Alexandre Benalla, Jacqueline Laffont, a estimé que Le Monde a eu des "propos tendancieux […] insinuant faussement qu'il se serait indûment prévalu lors d'un déplacement au Tchad d'une mission confiée par la Présidence de la République".

"Il n'est pas un émissaire"

"Quelles que soient les démarches qu'entreprend M. Benalla, il n'est pas un émissaire officiel ou officieux de la présidence de la République. S'il se présentait comme tel, il est dans le faux", a déclaré l'Élysée à l'AFP. L'ex-conseiller, limogé en juillet, "n'a pas informé l'Élysée de ses déplacements avant de les effectuer, mais uniquement de manière récente la semaine dernière", a déclaré la présidence à l'AFP.

L’affaire a pourtant pris de l’ampleur ces derniers jours, dans les médias et les réseaux sociaux. L'ex-chef de cabinet adjoint du président s’est défendu, mercredi 26 décembre, de toute relation avec la présidence pour son voyage. "Je ne peux pas accepter de tels propos prononcés par certaines personnes de l'entourage du président de la République", a déploré M. Benalla, qualifiant les propos relatés par Le Monde de "diffamatoires", "calomnieux" et "irresponsables".

"Je suis allé au Tchad, accompagnant une délégation économique étrangère dans le cadre d'investissements", a-t-il expliqué, assurant que "l'ensemble des frais concernant ce voyage a été pris en charge par le chef de cette délégation".

Il s'agissait de "grands patrons du Moyen-Orient (...) susceptibles de créer 3 000 emplois au Tchad, de construire des usines", a dit le chargé de mission à l'Express, sans en préciser les noms.

L'entourage d'Alexandre Benalla explique lui que l'ex-chargé de mission était "au Tchad avec une délégation économique de six personnes étrangères qui vont faire 250 millions d'euros d'investissements". "Ça n'a rien à voir avec Emmanuel Macron, rien à voir avec l'Élysée, rien à voir avec la présidence de la République". Il a d'ailleurs rencontré "Idriss Deby lui-même, durant deux heures, contrairement à ce qui a été écrit" dans la presse, poursuit cette source.

"Je ne me tairai plus"

Convaincu que "le but ultime" de ces dernières informations "est de saccager [ses] vies familiale et professionnelle", "de [lui] nuire", Alexandra Benalla a prévenu qu'il "ne [se] tairait plus" et compte "charger [ses] avocats de saisir le procureur de la République" à la suite de ces dernières révélations.

"Nous n'avons jamais d'intermédiaires dans les relations que nous entretenons avec les chefs d'État africains. Si le président de la République donne un mandat, c'est soit à son ministre des Affaires étrangères, soit à sa cellule diplomatique", a expliqué l'entourage d'Emmanuel Macron.

Si aucune démarche spécifique n'a été entreprise par l'Élysée pour vérifier la véracité de ce voyage en Afrique, "il y a déjà une enquête interne qui pourrait vérifier que M. Benalla n'aurait pas eu des démarches de ce type-là, c'est-à-dire démarchage commercial, avant son départ de l'Élysée", a rappelé dimanche la présidence de la République.

Alexandre Benalla a été limogé de l'Élysée en juillet et mis en examen pour "violences volontaires" et mis en cause pour avoir outrepassé ses fonctions en participant à une interpellation musclée en marge des manifestations du 1er mai à Paris. Il estime que "le traitement médiatique" dont il est l'objet depuis est "injuste", selon son entourage.

Avec AFP