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La messe très politique de l'archevêque de Kinshasa, à quelques jours de la présidentielle

Dans son homélie du 24 décembre, le soir de Noël, le nouvel archevêque de Kinshasa a évoqué la crise politique que traverse la RD Congo. Il a appelé à tenir la "promesse" des élections du dimanche 30 décembre.

Le nouvel archevêque de Kinshasa n’a pas dérogé à la règle. Comme ses prédécesseurs, la politique a fait irruption dans son homélie du soir de Noël, lundi 24   décembre. Sur fond d’une interminable crise électorale, Monseigneur Fridolin Ambongo n’a pas manqué d’évoquer la situation que traverse la République démocratique du Congo pour sa première messe. "En cette période critique de l’histoire de notre pays, j’invite chacun et chacune au sens de la responsabilité et à la non-violence pour que nous puissions passer ce cap du 30   décembre   2018 dans la paix et la vérité", a-t-il déclaré devant des centaines de chrétiens rassemblés dans la cathédrale Notre-Dame du Congo.

À cinq jours du vote, les élections, reportées pour la troisième fois, doivent désigner le successeur de Joseph Kabila. Après dix-huit   ans passés au pouvoir dont deux mandats de cinq ans, le présidant sortant ne peut plus se présenter selon la Constitution de 2006.

Pour l’archevêque, un énième report serait une menace à la stabilité du pays. "Ne pas tenir cette promesse, ce serait travailler à l'anéantissement de la paix", a-t-il alerté sous les applaudissements des fidèles. "La paix, la vraie paix qui vient de Jésus-Christ, pour notre pays aujourd'hui, c'est aussi que les résultats puissent être publiés et puissent réellement refléter la volonté du peuple", a ajouté Mgr Ambongo.

Le religieux de 58   ans a également dénoncé le "mépris de la dignité" que subissent ses compatriotes. "Est-ce excessif d'affirmer que le Congolais est en exil sur sa propre terre ? a-t-il demandé. Que d'humiliations et de manques de nécessaire vital", a poursuivi l’homme à la tête de l'archidiocèse de Kinshasa. 

Manque de volonté

Répondant au micro de RFI, Mgr Fridolin Ambongo a estimé qu’il y avait un réel manque de "bonne volonté de la classe politique Congo". Sinon, "une solution intermédiaire" aux machines à voter aurait été trouvée, a-t-il déclaré.

Au cœur de la crise, les machines à voter suscitent des crispations. Une partie de l'opposition refuse l'utilisation de ces écrans tactiles qui doivent permettre aux électeurs de choisir leurs candidats et imprimer leur bulletin de vote.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) est au centre d'un nouvel épisode dans cette interminable polémique : cet écran tactile n'est-il qu'un simple outil pour imprimer les bulletins avant le comptage manuel, comme elle le dit, ou aussi le support d'un vote électronique ?

Dans un entretien à la chaîne TV5 Monde, le rapporteur-adjoint de la Céni a vendu la mèche en affirmant que les machines pouvaient servir à une transmission électronique des résultats, avant de se raviser.

En apparence, la Céni continue de préparer les élections de dimanche à marche forcée. Fidèle à sa litanie de chiffres quotidiens, la Commission a annoncé samedi qu'elle avait accrédité au total "700   000   témoins, 270   000   observateurs nationaux et internationaux, 1   575   journalistes dont 84   internationaux".

La communauté internationale prudente

Tenu à l'écart par Kinshasa, le reste de la communauté internationale a continué de publier des communiqués d'une grande prudence face à ce nouveau report.

"Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies expriment leur espoir que ce report permettra la création des conditions favorables pour les Congolais afin qu'ils s'expriment librement le 30   décembre   2018", ont-ils écrit dans un communiqué. L'Union africaine, l'Union européenne, les États-Unis, le Canada, la Suisse, le Japon et la Corée du Sud ont répété la même chose dans un communiqué conjoint. Ils ont appelé "tous les acteurs à s'engager pour le succès d'un processus électoral crédible et apaisé qui mènera la RDC à un transfert du pouvoir en conformité avec la Constitution congolaise et l'accord du 31   décembre   2016".

Avec AFP