Les observateurs de l'ONU sont arrivés au Yémen, touché par la "pire catastrophe humanitaire". Leur mission sera de consolider le cessez-le-feu et de sécuriser ses ports.
Les observateurs civils de l'ONU sont arrivés samedi après-midi à Sanaa, capitale yéménite sous contrôle des rebelles. Ils sont chargés de consolider le cessez-le feu dans la province de Hodeïda et de sécuriser ses ports, par où passe une large part de l'aide humanitaire et des importations du pays.
Un peu plus tôt, c'est leur chef, le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, qui est arrivé à Aden, autre ville yéménite. Cette mission est cruciale pour le Yémen, dévasté par la guerre et touché par la famine.
Le général Patrick Cammaert, ancien Casque bleu, doit se rendre à Sanaa après des entretiens avec des dirigeants du gouvernement reconnu par la communauté internationale. Il a "pressé" l'exécutif et la coalition militaire conduite par l'Arabie saoudite qui le soutient "de faire respecter la trêve entrée en vigueur à Hodeida et de coopérer afin d'assurer l'acheminement de l'aide humanitaire", a indiqué Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU dans un communiqué.
Il a été accueilli à sa descente d'avion par le général Saghir ben Aziz, le président de l'équipe représentant le gouvernement au sein d'un comité réunissant loyalistes et rebelles. Ce comité est chargé du désengagement des troupes des deux belligérants de la ville portuaire de Hodeïda (ouest), le principal front actuel du conflit.
Tenue par les rebelles, cette ville de quelque 600 000 habitants est en conséquence un enjeu stratégique dans la guerre opposant depuis 2015 les rebelles Houthis, appuyés par l'Iran, aux forces progouvernementales, soutenues militairement par une coalition menée par l'Arabie saoudite.
Une trève fragile
La résolution rédigée par le Royaume-Uni autorise l'ONU "à établir et à déployer, pour une période initiale de trente jours à compter de l'adoption de la résolution, une avant-garde pour commencer un travail d'observation", sous la direction du général Cammaert. Selon des diplomates, la mission d'observateurs de l'ONU devrait compter de 30 à 40 membres, des civils ayant des expériences militaires.
Le texte entérine également les acquis obtenus lors des consultations interyéménites tenues en Suède mi-décembre, dont le cessez-le-feu décrété pour la province de Hodeïda, et insiste sur son "plein respect par toutes les parties". Entrée en vigueur mardi, la trêve reste fragile, même si elle semble globalement tenir.
La coalition a accusé samedi, selon les médias saoudiens, les rebelles d'avoir violé à 14 reprises la trêve dans la province au cours des dernières 24 heures. Ces derniers ont accusé à leur tour leurs adversaires de la responsabilité de tirs sporadiques dans et autour de Hodeïda, dans des déclarations publiées sur le site Internet d'Ansarullah, leur mouvement politique.
La résolution onusienne a été accueillie plutôt positivement par les belligérants, les rebelles la qualifiant de "pas importante" tandis que le gouvernement a réaffirmé son engagement à travailler avec les Nations unies et à respecter l'accord.
"C'est un pas important en direction d'un arrêt de l'agression et de la levée du blocus", a réagi vendredi soir Mohammed Abdelsalam, le chef de la délégation des rebelles aux pourparlers de Suède, en allusion à l'intervention de la coalition menée par Riyad.
Cité par la télévision al-Massirah contrôlée par les Houthis, il a toutefois reproché à la résolution de ne pas avoir condamné les "crimes des agresseurs".
Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi a de son côté réaffirmé son "engagement (à respecter) l'accord" de Suède entériné par la résolution onusienne, dans un communiqué publié vendredi soir. Il s'est dit prêt à travailler "dans un esprit positif" avec l'émissaire de l'ONU au Yémen, Martin Griffiths, afin de poursuivre des consultations destinées à trouver un accord politique durable.
Riyad avait également réagi vendredi à la résolution estimant notamment qu'avec une présence sur le terrain d'observateurs, les Houthis allaient "perdre leur marge de manœuvre".
Il s'agit seulement de la deuxième résolution des Nations unies sur le conflit yéménite, qui a fait plus de 10 000 morts et provoqué la pire catastrophe humanitaire au monde, selon l'ONU.
Avec AFP