Le schisme entre l'Église orthodoxe ukrainienne et Moscou est définitivement acté. Les Ukrainiens ont choisi un nouveau patriarche, lors d'une cérémonie en grande pompe à la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev.
L'Ukraine s'est dotée samedi 15 décembre d'une Église orthodoxe indépendante de Moscou, décision historique et symbole supplémentaire du divorce entre les deux voisins après plusieurs années d'une crise sans précédent dans leurs relations.
Un concile d'ecclésiastiques orthodoxes réuni dans la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev, en présence du président pro-occidental Petro Porochenko, a acté la création de cette nouvelle Église et élu son primat, mettant fin à 332 ans de tutelle religieuse russe sur l'Ukraine.
"Ce jour sacré entrera dans l'Histoire comme celui de la création d'une Église autocéphale (indépendante, NDLR) unie en Ukraine. Jour de notre indépendance définitive de la Russie", a déclaré le chef de l’État devant plusieurs milliers de partisans réunis devant la cathédrale malgré le froid hivernal.
Un contexte de tensions
L'établissement d'une Église d'Ukraine "autocéphale" (indépendante) a été autorisé en octobre dernier par le Patriarcat œcuménique de Constantinople.
Ce schisme s'inscrit dans le contexte de tensions qui prévaut dans les relations entre Kiev et Moscou depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014 et l'apparition de groupes séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine. Fin novembre, la situation s'est encore dégradée d'un cran lorsque la Russie a intercepté manu militari trois navires de guerre ukrainiens au large de la Crimée, première confrontation militaire ouverte entre les deux voisins.
Le gouvernement de Porochenko accuse le Patriarcat orthodoxe de Moscou d'exercer une influence pernicieuse sur le sol ukrainien et de se comporter en agent de Moscou pour justifier l'expansionnisme russe. Petro Porochenko, qui milite depuis longtemps pour la création d'une Église indépendante, espère également que cette scission lui fera gagner en popularité avant l'élection présidentielle de mars prochain.
Le Patriarcat de Moscou rejette ces accusations et assure qu'il a tout fait pour favoriser la paix dans le Donbass. La Russie compare cette rupture au Grand Schisme de 1054 entre les Églises chrétiennes d'Orient et d'Occident.
Les autorités ukrainiennes assurent que chaque paroisse sera libre de choisir de rejoindre ou non la nouvelle Église. "Je garantis que le pouvoir respectera le choix de ceux qui décideront de rester" fidèles au Patriarcat de Moscou et "protégera" ceux qui décideront de l'abandonner, a affirmé Petro Porochenko, qui a fait de l'indépendance religieuse de l'Ukraine l'un des éléments clés de sa campagne électorale pour la présidentielle.
Avec AFP et Reuters