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L'administration Trump lorgne sur les ressources en pétrole et en gaz de l'Alaska

Une enquête du New York Times, publiée lundi, révèle que le gouvernement américain fait tout son possible pour favoriser les forages dans le nord de l'Alaska, au mépris des considérations écologistes.

L'Alaska est le plus grand État des États-Unis. Ses grandes étendues sauvages, jusqu'ici protégées par la loi, abritent également d'énormes réserves de ressources de gaz et de pétrole. L'administration Trump est aujourd'hui déterminée à permettre leur exploitation, comme le révèle une enquête publiée lundi 3 décembre par le New York Times.

Le Refuge faunique national arctique (Arctic National Wildlife Refuge) est visé. Cette immense zone naturelle de 76 000 km², située au nord de l'Alaska et proche du cercle polaire, est considérée comme l'un des derniers paradis environnementaux au monde. Elle est le refuge de multiples espèces d'oiseaux, d'ours ainsi que de caribous, et est aussi assise sur une plus grande réserve inexploitée de pétrole à terre du continent.

En décembre 2017, le Congrès (alors républicain) a approuvé l'ouverture de l'exploitation de cette zone. Sous l'impulsion de l'administration Trump, des grandes entreprises locales font du lobby pour que les premières licences d'exploitation soient accordées le plus rapidement possible. Selon le New York Times, elles aimeraient conclure l'affaire avant la présidentielle de 2020 qui pourrait voir un président, moins enclin au projet, accéder à la Maison Blanche.

Des hommes nommés à des postes-clés

Le Refuge faunique national arctique dépend directement du département de l'Intérieur, aujourd'hui entre les mains de Ryan Zinke. Dès janvier 2018, le secrétaire à l'Intérieur s'était distingué avec l'annonce d'un vaste plan d'ouverture des eaux littorales américaines à l'exploitation du pétrole et du gaz.

Désormais, ce sont sur les ressources de l'Alaska que lorgne l'administration. Dans ce dossier, Ryan Zinke a nommé plusieurs personnes à des postes-clés qui annoncent la couleur : tous ont par le passé milité pour l'exploitation de l'"Amérique russe", le surnom donné à cet État.

David Bernhardt a notamment été nommé adjoint ; ce lobbyiste connu de Washington avait représenté l'État d'Alaska lors de son procès contre l'État fédéral en 2014, déjà pour l'exploitation de ressources naturelles du 49e État.

Le changement d'administration a également vu la nomination de Joe Balash, un Alaskan, à la direction du Bureau of Land management. Cette émanation du département de l'Intérieur supervise directement les décisions autour de l'exploration des régions arctiques.

La majorité de la population locale du versant nord de l'Alaska est en faveur des forages et de l'exploitation des ressources naturelles. Une opinion relayée par les entreprises locales. Seule la tribu des Gwich'in s'oppose au projet, craignant pour une espèce de caribous, source première de leur alimentation.

Les écologistes inquiets

Les nominations ont été accueillies à bras ouverts par les partisans du projet. "Nous n'avions aucun amis à l'époque d'Obama", explique Rebecca Logan de l'Alaska support Alliance, un groupement de 500 compagnies pétrolières, interrogée par le New York Times. "Aujourd'hui, nous avons un secrétariat de l'Intérieur remplis d'amis".

Le département de l'Intérieur s'est attelé à simplifier les procédures d'autorisation. Durant l'administration Obama, un dossier de plus de 1 000 pages et un processus de deux ans et demi étaient nécessaires. Désormais, selon les directives de David Bernhart, les études d'impact environnemental sont limitées à 150 pages (ou 300 pour les cas les plus complexes).

"Il y aura des conséquences à long-terme à ce qu'ils font", avertit Geoffrey L. Haskett, président du National Wildlife Refuge Association et ancien directeur régional du Fish Wildlife service qui gère la zone.

Steven C. Armstrup, un autre scientifique engagé pour la sauvegarde des ours polaires, avertit : le Refuge faunique national arctique est une zone de reproduction très importante pour l'espèce. Les tests et les forages pourraient les mettre en danger.

La majorité des démocrates de Washington continue à s'opposer au projet. En reprenant la majorité à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat, ils disposent de nouveaux leviers pour ralentir la machine républicaine. Le démocrate Raúl M. Grijalva, en devenant président du comité des Ressources naturelles, a d'ores et déjà affirmé sa volonté de faire du sujet une priorité.