logo

À quelques jours de la 24e conférence mondiale sur le climat, l'ONU se montre pessimiste sur la hausse du mercure en-deçà de 2°C. Les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un niveau historique en 2017.

Dans un rapport rendu mardi 27 novembre, le Programme environnement de l’ONU (PNUE) dresse un constat “alarmant”. "L'écart (entre le niveau actuel des émissions de gaz à effet de serre et le niveau nécessaire, NDLR) est plus grand que jamais", a déclaré à l'AFP Philip Drost, qui a coordonné ce rapport.

Après trois ans de relative stabilité, les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un niveau historique en 2017, à 53,5 gigatonnes (Gt) équivalent CO2, soit 0,7 Gt de plus qu'en 2016, souligne le PNUE. Et "rien ne dit qu'elles aient atteint un pic - ce point où elles basculent, de la hausse à la baisse".  L’année 2018 devrait connaître la même tendance, avec une augmentation attendue des émissions du secteur de l'énergie (3/4 du total), a déjà prévenu l'Agence internationale de l'énergie.

Pour lutter contre le réchauffement climatique et garder la hausse du mercure en-deçà de 2°C, les États devront donc tripler d'ici à 2030 le niveau global de leur engagement par rapport aux promesses faites en 2015 à la conférence climat de Paris (COP21), souligne le PNUE. Et le multiplier par 5 pour ne pas dépasser +1,5°C, stade déjà annonciateur de dérèglements, selon ce rapport, publié à cinq jours de l'ouverture en Pologne de la 24e conférence mondiale sur le climat (COP24).

Le scénario du PNUE est plus sombre que l'an dernier aussi parce que les dernières recherches montrent qu'il ne faudra pas compter sur un déploiement vaste et rapide de technologies d'absorption du CO2.

"Comme courir après un bus"

Selon les auteurs, 49 pays ont passé leur "pic" d'émissions, mais ils ne représentent que 36 % des gaz à effet de serre mondiaux. Et au total seuls 57 États (60 % des émissions) seraient en bonne voie d'y parvenir d'ici 2030, si leurs promesses de 2015 sont tenues.

Le PNUE souligne toutefois le dynamisme du secteur privé et le potentiel inexploité de l'innovation et du financement vert, vantant le boom des énergies renouvelables, l'efficacité énergétique ou encore les actions des collectivités locales dans les transports. Mais lutter contre le dérèglement climatique aujourd'hui "c'est comme courir après un bus", a expliqué Andrew Steer, président du think tank WRI. "Nous allons de plus en plus vite, nous battons des records, mais le bus accélère, et la distance se creuse."

Nombre de pays du G20 ne devraient pas remplir leurs engagements

Selon le rapport spécial publié en octobre par les experts climat de l'ONU (GIEC), le monde doit aussi viser l'objectif 1,5° et pas seulement 2°C s'il veut se garder d'impacts majeurs, vagues de chaleur, super-ouragans ou calottes glaciaires déstabilisées. Or à ce stade, il court vers +4°C par rapport au niveau pré-industriel, à la fin du siècle. Le PNUE insiste sur l'amélioration de l'impulsion au niveau national et le rôle à jouer par les gouvernements, par exemple via "une politique fiscale soigneusement conçue (...) pour subventionner des solutions à faibles émissions et taxer les combustibles fossiles".

Nombre de pays du G20 en particulier ne devraient pas remplir leurs engagements pris à Paris (UE, États-Unis, Australie, Canada...), à en croire leurs trajectoires actuelles. La Chine et la Russie devraient y arriver, mais leurs ambitions étaient relativement limitées.

"Les gouvernements doivent vraiment reprendre leurs contributions, et relever leurs ambitions", souligne M. Drost, du PNUE. "Il y a tant de chemin à parcourir, et nous devons agir rapidement. Pas dans des décennies, maintenant".

À la COP de Katowice, qui ouvre dimanche, les États sont invités à répondre au rapport du GIEC et à se pencher sur l'ampleur de leur engagement global. L'accord de Paris prévoit une révision des contributions nationales pour 2020.

Avec AFP