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"Carlos Ghosn, zéro de conduite"

A la une de la presse, mardi 20 novembre, l’arrestation, au Japon, de Carlos Ghosn, le patron de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, en raison de soupçons de fraude fiscale. La poursuite du mouvement des "gilets jaunes". Et la morale de l’histoire.

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A la Une de la presse japonaise, mardi, l’arrestation, à Tokyo, de Carlos Ghosn, le patron de Nissan, Mitsubishi et Renault, soupçonné de fraude fiscale.

Cette arrestation fait la une du plus ancien journal japonais, Mainichi Shimbun, qui précise que Carlos Ghosn, "membre depuis longtemps de l’élite des dirigeants du Japon recevant les salaires les plus élevés", est suspecté d’avoir "minoré" ses déclarations de revenus à hauteur de 38   millions d’euros. Carlos Ghosn, le "cost killer de l’industrie automobile mondiale", qui s’était bâti au fil de sa carrière une image d’homme "intransigeant" et de "drogué du travail", " capable de remettre rapidement sur pied une entreprise en difficulté", d’après The Japan Times, dont le portrait du patron de Nissan est une nécrologie professionnelle : "En tant que patron de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Ghosn a créé un monstre industriel, qui emploie 470   000 salariés, et a vendu l’année dernière plus de 10   millions de véhicules, fabriqués par 122   usines dans le monde". "Carlos Ghosn va être licencié cette semaine par Nissan : la chute dramatique d’un dirigeant loué pour avoir sauvé son entreprise de la faillite", commente Asahi Shimbun, qui attribue cette disgrâce aux révélations d’un "lanceur d’alerte" au sein de Nissan.

Cette arrestation fait aussi la une de nombreux journaux dans le monde entier, notamment en France. "La décision de Nissan de licencier Carlos Ghosn entraîne la chute de son ancien sauveur", répète The Financial Times. D’après le quotidien économique britannique, le dirigeant est non seulement accusé d’avoir "trompé les investisseurs" sur son salaire réel, mais aussi d’avoir "utilisé des ressources de l’entreprise pour son usage personnel", autrement dit, d’abus de bien social. "La chute", écrit sobrement L’Orient Le Jour, qui rappelle les origines libanaises du patron franco-brésilien, qui avait débuté sa carrière chez Michelin, en France, avant de rejoindre Renault en 1996, où il avait commencé à se forger cette réputation de "cost killer". "La chute de l’empereur Carlos Ghosn", annonce un poil plus grandiloquent Le Parisien, qui n’a pas oublié, lui, cette déclaration du Premier ministre japonais en 2010 : "Pourquoi (le) salaire (de Carlos Ghosn) est-il si élevé ? Parce qu’il est très fort pour licencier des gens". "L’icône déboulonnée" peinent à croire Les Echos. D’après le quotidien économique, "après la présidence de Nissan, c’est le maintien (de Carlos Ghosn) à la tête de Renault et donc de l’alliance qui paraît (désormais) extrêmement fragile".

Une partie de la presse française est très remontée contre celui qui est donc encore, du moins pour le moment, le patron de Renault. Sans autre forme de procès, Libération lui attribue un "zéro de conduite", en le rhabillant pour l’hiver (et peut-être même au-delà) : "Carlos Ghosn, déjà atteint par un melon taille SUV, dirigeant autoritaire cumulant les fonctions éminentes et passant régulièrement outre les remarques que pouvaient lui faire ses actionnaires aurait poussé l’hubris (la démesure) jusqu’à s’affranchir aussi des règles fiscales". "Il faut croire que la morale du capital n’est pas celle du commun des mortels. Sur ce point au moins, le vieux Marx avait vu juste : "Accumulez, accumulez ! C’est la loi et les prophètes". Sans aucun détour non plus, L’Humanité accuse Carlos Ghosn d’incarner une "avidité sans foi ni loi". L’Huma a visiblement toujours en travers de la gorge les 7,4   million d’euros reçus par le patron de Renault pour la seule année   2017, auxquels s’est ajoutée "la modeste contribution" de Nissan, de 8,8   millions d’euros".

Carlos Ghosn aurait cherché à payer moins d’impôts. Eux, protestent contre la hausse des taxes sur le carburant. Les "gilets jaunes" poursuivent leur mobilisation. "Ils s’organisent pour tenir plusieurs jours", annonce Le Courrier Picard, en montrant des gilets jaunes venus ravitailler leurs camarades en café. "Ils y sont, ils y restent", d’après L’Est Eclair, qui fait état de trois ronds-points encore tenus par les manifestants dans le département de l’Aube, des manifestants beaucoup moins nombreux que ce week-end, mais "décidés à rester". Le Midi Libre, qui parle, lui de 27   000 "gilets jaunes" encore mobilisés hier dans toute la France, rapporte que le gouvernement "ne varie pas de cap" et prédit un "bras de fer". Le ministre de l’Intérieur a annoncé hier le déblocage "systématique" des dépôts pétroliers et des sites sensibles, par les forces de l’ordre.

La morale de l’histoire ? On l’a trouvée du côté de Slate, qui nous apprend qu’une étude suédoise démontre que les personnes généreuses gagnent plus d’argent et ont plus d’enfants que celles qui se comportent de manière égoïste. De quoi inciter à la générosité ? Pas forcément, puisque cette étude démontre aussi que les salaires les plus élevés ne sont pas réservés aux plus généreux… mais à ceux et celles qui ne sont que " modérément généreux"….

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