La bataille pour la cité portuaire de Hodeïda se poursuit au Yémen. Les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi ont réalisé, jeudi, une percée dans la ville sous contrôle des rebelles houthis. Les civils sont pris au piège.
Les forces progouvernementales yéménites appuyées par l'aviation de l'allié saoudien ont réalisé, jeudi 8 novembre, une percée dans la ville de Hodeïda sous contrôle des rebelles, au prix de combats meurtriers qui menacent des milliers de civils.
Après une semaine d'affrontements aux abords de Hodeïda, ville portuaire clé sur la mer Rouge, les unités progouvernementales ont pénétré dans des zones résidentielles, au volant de camionnettes, sur des routes que les rebelles houthis ont parfois minées.
Depuis 2015, les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, aidées militairement par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, tentent de chasser ces rebelles, soutenus par l'Iran, des vastes régions qu'ils ont conquises, dont Hodeïda et la capitale, Sanaa.
Selon des sources militaires, des combats acharnés se sont poursuivis en soirée à Hodeïda, soumise dans le même temps à un bombardement aérien de la coalition militaire sous commandement saoudien. Les rebelles opposent une résistance aux forces loyalistes qui tentent de progresser dans la cité, point d'entrée de trois quarts des importations et de l'aide internationale dans le pays en guerre.
"Nous nettoierons les rues de la ville des houthis et continuerons à avancer au-delà", a affirmé un combattant loyaliste, Fadel Abbas. "Nous allons reprendre le contrôle de la totalité de la cité", a dit son camarade Jaber Abdallah.
Au moins 250 combattants tués depuis le 1er novembre
Dans la journée, des membres des forces loyalistes ont avancé de deux à trois kilomètres dans Hodeïda en direction du port, à partir de l'est et du sud, selon des sources militaires.
Faisant le "V" de la victoire et portant des armes automatiques et des lance-roquettes, ils ont paradé à bord de pick-up sur lesquels étaient inscrits "al-Amaliqa" ("les géants"), du nom d'une des brigades progouvernementales soutenues par les Émirats, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Les rebelles "nous donneront la ville pacifiquement ou nous la prendrons de force", a dit à l'AFP un commandant de cette brigade, Mouammar al-Saidi.
Le nord de Hodeïda est toutefois encore totalement contrôlé par les rebelles qui, selon leur agence de presse, ont réussi à "couper les voies d'approvisionnement" de leurs adversaires dans quatre secteurs de la province de Hodeïda, à l'extérieur de la ville éponyme. Ils ont en outre appelé par haut-parleurs les forces progouvernementales à se rendre.
Les houthis, qui contrôlent la ville depuis 2014, ont creusé des tranchées et posé des mines sur des routes en périphérie, afin de ralentir l'avancée de leurs adversaires, selon des sources loyalistes. Ils ont aussi positionné des snipers sur les toits de bâtiments et derrière de grands panneaux publicitaires.
Au moins 47 rebelles et 11 combattants progouvernementaux ont péri ces dernières 24 heures, d'après des sources médicales. Depuis le 1er novembre, au moins 250 combattants ont été tués – 197 houthis et 53 loyalistes.
"Admettre qu'il n'y a pas de victoire militaire possible"
La bataille pour Hodeïda dure depuis des mois, mais elle s'est intensifiée il y a une semaine, minant les efforts de l'ONU et des États-Unis pour une reprise des négociations en vue d'une solution politique.
En près de quatre ans, le conflit a fait quelque 10 000 morts et provoqué selon l'ONU la pire crise humanitaire au monde.
Malgré l'escalade, les États-Unis, alliés des Saoudiens, ont exhorté à nouveau "toutes les parties à admettre qu'il n'y a pas de victoire militaire possible".
Le médiateur de l'ONU Martin Griffiths espère, lui, pouvoir convoquer des pourparlers "d'ici la fin de l'année".
Enfin, des parlementaires européens ont signé un "appel de Paris pour la paix au Yémen" dans lequel ils plaident pour une suspension des exportations d'armes aux parties au conflit.
Avec AFP